Ici-bas
En 1943, alors que la France est en pleine guerre, Sœur Luce (Céline Sallette) tombe éperdument amoureuse de Martial (Éric Caravaca), un aumônier militant pour la Résistance. Pour lui, elle quitte le couvent. Mais cet amour, loin d’être réciproque et porté par le désespoir, la conduit à envoyer une lettre anonyme à la Kommandantur, à travers laquelle elle dénonce le réseau de combattants auquel il appartient.
Parce que Jean‑Pierre Denis puise son inspiration dans une histoire authentique, le cœur blessé de Sœur Luce aurait bien pu être servi sur un plateau débordant de sensiblerie. Heureusement, le réalisateur spécialiste des faits divers provinciaux (souvenons‑nous des Blessures assassines, 2000), choisit la frugalité pour retracer le chemin de croix d’une femme d’Église, en proie à des passions bien humaines, derrière sa soutane austère.
La mise en scène dépouillée contraste avec le tiraillement presque suicidaire de Sœur Luce, lequel finit par influer sur le sort des Résistants et assombrir définitivement une page de l’Histoire française. Si ce n’est qu’un amour aveugle et exalté supplante la délation.