I May Destroy you
La série coup de poing de Michaela Coel (Chewing‑Gum) interpelle par la justesse et le réalisme de son propos. La scénariste et comédienne s'y livre comme jamais. Bouleversant.
Après Chewing‑Gum, sa comédie incisive, Michaela Coel, scénariste et comédienne surdouée de la télévision britannique, aborde frontalement et sans tabou le sujet du viol. Le propos de la série est d’autant plus percutant qu’il s’inspire de sa propre expérience et qu’elle joue elle‑même le rôle d’Arabella, une jeune écrivaine en devenir qui va subir un viol alors qu’elle a été droguée au GHB (un puissant somnifère aussi appelé « drogue du violeur »). À son réveil, elle ne souvient de rien. Ce n’est que plus tard, par flashs, que la jeune femme commence à comprendre qu’il lui est arrivé quelque chose de grave.
La série montre le cheminement introspectif de la jeune femme qui aboutira à sa prise de conscience et au souvenir de son agression. Incompréhension, culpabilité, examens médicaux, violence, douleur : Michaela Coel ne fait l'impasse sur aucun détail.
Dans cette mise en abyme sans concessions, la comédienne est bouleversante de sincérité, entourée de seconds rôles eux aussi formidables, de Perruche Opia (Bad Education) à Paapa Essiedu (Le crime de l’Orient‑Express) en passant par Aml Ameen (Sense8). Ils incarnent tous des personnages complexes qui, au milieu de tant de noirceur, parviennent à se raccrocher à quelques brides d’humour, d’espoir et d’émotion.
Douze épisodes de 30 minutes chacun qui semblent agir comme un exorcisme sur son auteur et pourront frapper en plein cœur les spectateurs. La série démontre enfin de façon indiscutable que Michaela Coel excelle dans tous les registres.