par Nicolas Bellet
23 juin 2023 - 07h44

Hunt

VO
Heon-teu
année
2022
Réalisateur
InterprètesLee Jung-jae, Jung Woo-Sung
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

1980. Corée. Suite à l’assassinat du président Park, le pouvoir appartient à nouveau à l’armée. La Corée du Nord tient à prendre la Corée du Sud et y envoie un espion. Park Pyeong‑ho (Lee Jung‑jae) et Kim Jung-Do (Jung Woo-sung), deux membres importants de la KCIA (services secrets sud‑coréens), ont pour mission de le traquer.

 

La Croisette à la maison
Pour son premier film en tant que réalisateur, l’acteur Lee Jung‑jae a réussi un coup assez improbable, puisque Hunt ‑c’est son titre‑ fut projeté l’an dernier au Festival de Cannes. En séance de minuit, certes, mais à Cannes tout de même ! L’acteur que le monde entier a découvert dans la série de Netflix Squid Game (N°456, c’était lui, un rôle qui lui permit de décrocher un Emmy) démontrait un sens inné de la caméra et un goût sûr pour les scènes d’action pures. Malheureusement, le grand public ne put découvrir ce nouveau prodige venu de Corée du Sud, puisqu’Hunt n’est jamais sorti en salles en France. Sa venue en 4K et Blu‑Ray, un an après son passage sur la Croisette, permet donc de rattraper un peu cette lacune.


Noir c’est noir

Hunt est à la croisée des chemins entre le film d’espionnage cérébral, tendance John Le Carré, et le film policier à la Heat (Michael Mann) dont il reprend d’ailleurs certains découpages, notamment dans une géniale fusillade en pleine rue. C’est un film dense, très dense, tant au niveau de l’intrigue que de la multiplicité des personnages. Mais on ne voit pas passer ses deux heures. La raison est sans doute à aller chercher dans son casting impeccable, en premier lieu duquel le réalisateur/acteur qui s’est attribué sans doute le meilleur rôle. Le jeu de chat et de la souris qu’il instaure avec son antagoniste n’est pas sans rappeler certains films de Melville. Elle est surtout à aller chercher dans sa cinégénie. Les images sont sublimes, et rien que d’un point de vue formel, le film mérite d’être vu.


Mais il y a de l’espoir

La légende voudrait que Lee Jung‑jae aurait annulé le tournage de Hunt et pris quatre années supplémentaires afin de peaufiner son histoire et réécrire son scénario. Si la légende dit vrai, c’est un peu dommage car le moins que l’on puisse dire, c'est que la clarté n’est pas le fort du film. À moins bien sûr d’être au fait de la géopolitique coréenne et des différences entre les divers services de police des deux Corée. Il faut en effet un peu s’accrocher pour suivre le film, surtout qu’il multiplie les retournements de situation, les rebondissements, les doubles jeux, et qu’il se plaît à ne pas vraiment indiquer comme tels ses flashbacks réguliers. En un mot : il faut s’accrocher ! Le film a une fâcheuse tendance à se perdre dans l’accumulation des twists (surtout finaux) et des sous‑intrigues. On sent que le réalisateur a voulu tout mettre dans sa première œuvre. Bien qu’assez maîtrisée, elle n’en demeure pas moins parfois indigeste, mais plaisante. En tout cas, un réalisateur est né.

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Heon-teu
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
21/06/2023
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 125', zone B
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Coréen DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
10
10
image

Taillée pour la 4K, cette image HDR Dolby Vision flatte la rétine sans trop en faire. On apprécie la texture, le cadre au cordeau, les effets de transparence, l'utilisation des géométries, les intérieurs chauds et les extérieurs plus froids. Les inspirations cinéma sont variées, les noirs corsés, et ça se voit. Un rendu 4K statutaire. Solide. Efficace. 

8
10
son

« Que  » du 5.1 mais des basses bien présentes, des effets gauche/droite, des sons nets et précis, bref, on ressent en permanence cette intransigeance sonore toute coréenne. Côté musique, on n'est pas surpris de constater que la partition appuie souvent l'action à l'image, quitte à occuper tout l'espace de façon un peu exagérée. La VO est enfin nettement préférable à la VF, qui propose une ambiance moins contextualisée, sortie de son environnement. 

3
10
bonus
- Entretien avec David Tredler (chef programmateur du Festival du film coréen à Paris) (18')

Un bon moyen de rattraper un peu son cinéma coréen pour ceux qui débutent.

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