Horizon : une saga américaine, chapitre 1
La Guerre de Sécession est proche et l'expansion vers l'Ouest semée d'embûches. Le film raconte à hauteur d’hommes et de femmes la quête d'un Eldorado que l’on devine s’appeler Horizon : une colonisation violente et sauvage des sublimes terres amérindiennes.
Pour une poignée de dollars, t’as plus rien !
Pensé comme une série et réalisé comme un film ou inversement, au final, sans doute un peu des deux. Horizon : une saga américaine est impossible à résumer, à la fois trop dense et contemplatif.
On le sait, pour mener à bien le projet qu'il a dans la tête depuis trente‑cinq ans, Kevin Costner a engagé sa fortune personnelle. À l’heure où ces lignes s’écrivent, personne ne sait vraiment s’il y parviendra. Désormais, il est question de trois films (deux sont déjà tournés), le quatrième étant passé à la trappe récemment. Quant à leur sortie, elle est sujette à d'âpres discussions. Après sa présentation cannoise, le premier volet est déjà dans les salles, mais ses pauvres scores au box‑office US l’on contraint à une sortie avancée sur plateforme (du moins en ce qui concerne le marché domestique). Le deuxième volet déjà fini est reculé sine die et on parle désormais de Netflix qui entrerait dans la danse pour clore le financement du troisième, contre éventuellement un montage sériel…
On l’aura compris, cet Horizon : une saga américaine, chapitre 1 est d’emblée entré dans le panthéon de la mythologie cinématographie des films légendaires. Ouverture d’un opéra en trois actes réalisé dans la grande tradition des westerns classiques, il rend évidemment hommage au cinéma de John Ford. Mais même au bout des trois heures de film, on en ressort frustré tant beaucoup de choses sont amorcées et finalement peu sont commencées. C’est un film de présentation, incomplet.
Ainsi, Roland Bailey (Giovanni Ribisi), que l’on sent derrière la promesse d’une ville/vie meilleure, n’apparaît que lors du générique annonciateur du chapitre 2. C’est dommage, d’autant plus que cette mythique ville d’Horizon, qui donne son nom à la saga, fait le lien entre tous les (nombreux) personnages du film, tous attirés par elle. On sent un loup, mais pas certain que l’on danse avec lui…
Dura l’Ouest sed l’Ouest
On connaît la passion de Kevin Costner réalisateur (et acteur) pour le western classique. Les amateurs de Danse avec les loups, Open Range ou même Yellowstone, ne seront pas dépaysés. D’autant plus qu’il a encore une fois fait appel à son chef‑opérateur fétiche, Jim Muro.
Indéniablement, le film est beau à pleurer, surtout les plans de nuit pluvieuse qui visiblement l’inspirent, et bien sûr les paysages de l’Utah chers à John Ford. L’ombre de ce dernier transpire d’ailleurs de tous les plans. La mise en scène est flamboyante et souvent inspirée. Elle joue beaucoup avec les codes du genre et les micro‑ellipses pour mieux dérouter le spectateur et sans doute éviter de styliser la violence (on est ici dans l’antithèse du western spaghetti).
Le scénario, malheureusement, n’évite pas quelques clichés du genre : la famille riche mais constituée essentiellement de décérébrés, la prostituée au grand cœur, le cow‑boy solitaire protecteur de la veuve et de l’orphelin, le soldat écœuré de l’horreur… On est donc en zone bien balisée, mais ce n’est pas grave tellement c’est bien fait, juste parfois un peu trop lentement et presque confusément à force d’inerties et de détails.
Vers l'horizon et au-delà
Si l’histoire met beaucoup en avant les femmes de l’Ouest, les actrices sont magnifiées par le film. Sienna Miller, que l’on avait un peu oubliée depuis American Sniper, la première. Mais aussi Jena Malone, Ella Hunt ou encore Abbey Lee. Toutes sublimement filmées, peut‑être un peu trop d’ailleurs. Bien entendu, le scénario signé Kevin Costner et Jon S. Baird n’omet pas le point de vue amérindien, faisant sans doute de l’actrice Wasé Chief, la découverte du film. À leurs côtés, la présence du héros d’Avatar, Sam Worthington, ou encore de Luke Wilson, est presque incongrue.
Finalement, Horizon : une saga américaine, chapitre 1 se révèle être une sublime mise bouche qui promet une fresque épique, pour l’instant sans véritablement de souffle. Mais elle donne vraiment envie de voir le deuxième acte…
