Hit & Miss
La nouvelle série de Paul Abbott, à qui l'on doit déjà la version originale de Shameless (pour laquelle il existe une excellente version US avec William H. Macy), s’appelle Hit & Miss. Elle met en scène un tueur à gages transsexuel joué par la remarquable Chloé Sévigny (Big Love). Attention, chef‑d’œuvre.
Dès les premières minutes, la mini‑série britannique en six épisodes plonge le téléspectateur dans la tradition du roman (très) noir et brutal, avec ses figures obscures qui hantent la pellicule comme des âmes en sursis. Tout commence avec Mia, un tueur à gages transsexuel qui enchaîne les contrats afin de pouvoir se payer l’opération qui fera d’elle une femme à part entière. Mais son passé « d’homme » la rattrape. Mia hérite bientôt d’un enfant et d’une nouvelle « famille ». Dans la peau de Mia, Chloé Sévigny se livre sans aucune réserve et offre une prestation époustouflante.
Soutenu par une mise en scène atmosphérique parfaitement maîtrisée, chacun des six épisodes est un modèle d’écriture. Le récit est bourré de tension, de suspense et de magnifiques moments d’émotion. Non seulement Hit & Miss offre une réflexion intense sur la quête de sens et d’identité, mais dépeint aussi sans concession le quotidien des déclassés britanniques. La montée en puissance de la série est exemplaire, et même si le final pourra en laisser perplexes certains, il répond à une logique narrative infaillible. Une série pointue, presque austère, risquée assurément, mais incontournable.
Petite précision enfin sur un titre lourd de sens : Hit signifie « toucher, frapper ». C'est aussi le diminutif de « Hitman », traduction anglaise de « tueur à gages ». Miss se traduit aussi bien par « Madame » que par « absence, manque ». Hit & Miss marque donc la condition du personnage, un tueur à gages qui est devenu une femme. On vous laisse faire la gymnastique sémantique pour vous rendre compte par vous‑même à quel point cette série sort du lot, à tous les niveaux.