Heartless
Jamie Morgan (Jim Sturgess) n’est pas un jeune homme comme les autres. En effet, il est né flanqué d’une tâche disgracieuse sur le visage. Avec un père disparu et une mère fragilisée, Jamie s’est réfugié dans la photographie, sa véritable passion. Un jour, alors qu’il prend de nouveaux clichés, il éprouve une sensation dérangeante, et pour cause : un gang monstrueux se met à le traquer. Il établit alors un pacte avec le leader de la bande qui n’est autre que le Diable : sa tâche de naissance lui sera ôtée, mais en contrepartie, il devra tuer.
Grâce à une esthétique fortement influencée par celle de la trilogie du Livre de sang de Clive Barker et l’intention facile de rattacher l’horreur à la ghettoïsation de banlieues irrécupérables, Heartless n’est donc pas à l’abri d’un discours d’épouvante maintes fois rebattu. Une sorte de relecture de Faust, si ce n’est que la quête de l’éternelle jouvence est ici remplacée par le désir d’avoir une belle gueule (avec la disparition de cette tare physique, Jamie pourra enfin attraper la fille de ses rêves dans ses filets).
Pas vraiment faustien, le héros possède encore une morale et des doutes qui l’assaillent lorsqu’il s’agit de commettre l’irréparable. Erreur, puisque pour que l’horreur atteigne son comble, il aurait certainement fallu le diaboliser davantage. Mais le Diable en personne (longs cheveux gominés, balafré de partout et gueulard) n’impressionne même pas… Gâchis total.