Hannibal saison 1
La série de Bryan Fuller (Pushing Daisy, Heroes, Dead Like me) s’inspire des personnages imaginés par Thomas Harris dans le roman Dragon Rouge. Elle décrit comment tout a commencé entre le psychiatre cannibale Hannibal Lecter (Mads Mikkelsen) et le profiler du FBI Will Graham (Hugh Dancy). Laurence Fishburne reprend quant à lui le rôle de Jack Crawford, chef de l’unité de formation et de recherche en sciences du comportement de Quantico en Virginie, tenu au cinéma par Dennis Farina (Sixième sens), Scott Glenn (Le silence des agneaux) et Harvey Keitel (Dragon Rouge).
Et autant ne pas faire durer le suspense inutilement : Mads Mikkelsen est impeccable dans le costume italien d'Hannibal Lecter. Trois comédiens ont pourtant déjà interprété le tueur en série cannibale imaginé par le romancier Thomas Harris : Brian Cox (Braveheart, X‑Men 2) dans le film de Michael Mann Sixième sens (adaptation du roman Dragon Rouge) sorti en 1986 ; Anthony Hopkins en 1991 dans Le silence des agneaux de Jonathan Demme, qui reprendra le rôle en 2001 dans Hannibal de Ridley Scott et en 2002 dans Dragon Rouge de Brett Ratner ; Gaspard Ulliel (Les égarés) en 2006 dans Hannibal : les origines du mal, le dernier roman éponyme de Thomas Harris revenant sur l’enfance et l’adolescence du tueur en série.
La concurrence était donc rude. Et pourtant, dès sa première apparition, Mikkelsen habite le personnage et lui donne une nouvelle dimension, démoniaque, effrayante, quasi mystique. En quelques secondes, on oublie l’interprétation pourtant phénoménale d’Hopkins, et on se dit sans hésitation que le comédien Danois de 48 ans, qui a débuté avec son compatriote Nicholas Winding Refn (réalisateur de Drive) dans Pusher (1996) et remporté la Palme d’or à Cannes du meilleur comédien en 2013 pour sa prestation dans La chasse, est un incroyable Hannibal Lecter. Les autres protagonistes ne sont pas en reste. Même Laurence Fishburne, en sérieux déclin depuis Matrix, reprend du poil de la bête et endosse la panoplie d’un Jack Carwford puissant et humain.
Tous ces personnages déambulent dans un contexte visuel angoissant très marqué. Le traitement minutieux accordé à la lumière, aux décors, aux costumes et aux couleurs favorise l’élaboration d'un univers graphique quasi hermétique, où chaque élément a un sens et une place précise. Un design toujours au service du récit, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'illustrer les projections cauchemardesques de Graham (Hugh Dancy). Qu'elles soient crues et chirurgicales, ou plus baroques lorsque le spectateur assiste médusé aux repas de Lecter, cuisinés avec art mais composés de chair humaine, les images de cette série ne peuvent laisser indifférent.
Qu'on se le dise, Hannibal est un ovni cathodique percutant, parfaitement maîtrisé par ses auteurs et idéalement incarné par ses interprètes. Du premier au dernier épisode, la pression est constante et le dernier plan de l'épisode 13, cathartique. Un chef‑d’œuvre de série policière flirtant avec l'horreur pure. À réserver aux avertis, néanmoins.