Halal police d'État
Une série de meurtres, tous dans des épiceries de Barbès, fait trembler le 18e arrondissement. Quand l'une des victimes est la femme d'un diplomate algérien, deux flics du pays sont envoyés pour aider la police française. Il s'agit du « Kabyle » et de l'inspecteur Nerh Nerh (Éric et Ramzy), deux illuminés qui ne vont pas passer inaperçus. Quant à l'enquête, c'est une autre paire de manches…
Lorsque Éric et Ramzy font du cinéma, ils font avant tout leur cinéma, et c'est pour cela que leurs fans ne sont pas déçus, car ils peuvent y retrouver ce qui fait le sel et l'originalité des humoristes. Las, lorsqu'il s'agit de mener à bien une comédie/polar/buddy movie, la personnalité du tandem prend le pas sur le reste.
Pourtant, les deux compères, qui signent là le scénario et les dialogues, jouent à fond la carte de l'absurde, voire même du surréalisme. Et parlent de racisme et de communautarisme avec un ton politiquement incorrect pourtant réjouissant, tout le monde en prenant pour son grade : le duo de flics algériens totalement idiots, les bigots catholiques voulant construire une église à tous les coins de rue, les skinheads virant leur cuti comme par enchantement, la victime arabe tentée par du saucisson pur porc ou encore les Chinois « qui sentent le nem après 17 heures »…
Éric et Ramzy partent ainsi tous azimuts, dans la tradition de la screwball comedy américaine, loufoque et bouleversant tous les codes établis. Mais s'attardent trop sur leur principal ressort comique, celui de l'accent du bled, volontairement exagéré par Ramzy, oubliant de recentrer leur jeu sur ce qui compte vraiment : l'histoire et sa mise en scène. Car Rachid Dhibou, qui réalise là son premier long métrage, ne parvient pas à rattraper cette comédie du naufrage. Quant aux références cinématographiques aux films de Besson (ici producteur via EuropaCorp), on aurait apprécié qu'elles nous soient épargnées, surtout le poster de From Paris With Love affiché dans le commissariat. L'autocitation est un art délicat…