par Jean-Baptiste Thoret
26 juillet 2010 - 19h21

Green Zone

année
2009
Réalisateur
InterprètesMatt Damon, Amy Ryan, Greg Kinnear, Jason Isaacs, Brendan Gleeson
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

Que dit Green Zone ? 1. Les États‑Unis ont envahi (une deuxième fois) l’Irak en 2003, prétextant la présence d’armes de destruction massive (ADM) afin de déboulonner Saddam Hussein. 2. Plutôt que de s’appuyer sur des Irakiens légitimes, le gouvernement américain a démantelé l’armée nationale (généraux d’hier et chefs du parti baasiste devenus illico hors‑la‑loi), et installé sur le trône un pantin en exil depuis trente ans, aussitôt moqué par ses compatriotes. 3. « Comment, après le mensonge irakien, le monde nous croira‑t‑il désormais ? ». Et c’est Matt Damon qui s’interroge. Résultat, injuste, la guerre est devenue civile et le rêve démocratique s’éteint à petit feu.

On l’aura compris, Green Zone arrive trop tard, au regard de la réactivité coutumière du cinéma hollywoodien lorsqu’il se veut critique (Battle for Haditha, Le royaume, Démineurs, la liste est déjà longue). Paul Greengrass enfonce ainsi deux heures durant des portes ouvertes, place son film sous l’égide fédératrice du film d’action (l’Irak devient ici le théâtre d’un kill them all classique), et colle au centre de son récit un Matt Damon décidément passe‑partout, rugbyman hier (Invictus), G.I Cochonou aujourd’hui, lequel balade sa rectitude morale au milieu d’un chaos frimeur organisé par une caméra et un montage épileptiques.

Ancien journaliste, sans doute fan de Michael Mann dont il a mal digéré la leçon (Miami Vice, modèle souterrain du film), Greengrass a forgé depuis sa trilogie Jason Bourne un style qu’il juge visiblement efficace, une esthétique « sur le vif » parfaitement illisible et épuisante pour la rétine (voir la séquence d’assaut finale). Pourtant, l’essentiel ne réside pas dans le tremblement constant du cadre, mais dans le double discours que le film produit, à la fois critique et révisionniste, engagé et démagogique.

Matt est malin et, très vite, après avoir fait choux gras sur des sites déclarés sensibles, comprend qu’une arnaque monumentale se trame au plus haut sommet de son administration, via un Gepetto cynique (le gouverneur Poundstone, en fait Paul Bremer) qui a décidé que l’Irak marcherait au rythme du pas yankee, et pas autrement. Mais lorsque, à la fin du film, Matt pose à Poundstone la question de la responsabilité de Washington (comprendre G.W. Bush), ce dernier lui répond par une pirouette : « Qu’importe ! Nous avons gagné ! ».

Cette façon de ne pas confondre l’idéal démocratique américain et les individus qui l’incarnent aurait été, dans les années 1970, admirable. Se souvenir du scandale du Watergate dans Les hommes du président, ou comment la dénonciation de Nixon ne remettait pas en cause la grandeur des valeurs US. Mais aujourd’hui, tandis que l’Histoire a tranché, que chacun sait les motivations de cette guerre et la nature du mensonge d’État perpétré par Bush Jr et son administration, Greengrass se recroqueville dans ses petits souliers fébriles et réactive/réhabilite bêtement une hypothèse (Bush ne savait pas ?) à laquelle même le plus acéré des Faucons ne croit plus. Pourquoi ?

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
17/08/2010
image
BD-50, 115', zone B
2.35
HD 1 080p (Mpeg4 AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français imposé
7
10
image
Pas un plan fixe. Il serait peut-être temps que Paul Greengrass renouvelle son style, car depuis 24 et les Jason Bourne, on commence à connaître par cœur l'effet tremblante du mouton. Cela dit, les sensations sont garanties. On a quasiment l'impression d'être en train de regarder un documentaire sur la guerre, tourné caméra au poing. Du coup, les contrastes vacillent parfois, le bruit vidéo se fait présent et l'image, déjà très sombre, a été volontairement salie. Ça passe encore en Blu-Ray, mais en DVD…
8
10
son
VO ou VF, même combat, c'est le cas de le dire. Voici un film qui va permettre d'éprouver un peu votre installation. Cela faisait un petit moment que nous n'avions rien eu de très concret à ce niveau-là entre les mains. Bonne localisation des frappes et des tirs, spatialisation efficace des chars et des combats au fusil, ambiances de villes en ruines reçues 5 sur 5, passages d'hélicos dans le salon, explosions à vous déboucher les tympans : le moins que l'on puisse dire, c'est que ça a l'air réel. Sans être un film d'action pur, Green Zone saura vous souffler quelques ondes de basses dans les bronches pour mieux vous surprendre, surtout en VO, piste encore plus intense et tenace.
5
10
bonus
- Scènes coupées en HD commentées en PIP par Paul Greengrass, le jeune fils de ce dernier (original), et Matt Damon (12')
- Scènes coupées en HD seules (12')
- Focus HD sur Matt Damon et son travail avec des vétérans de la guerre en Irak (10')
- À l'intérieur de la Green Zone : sujet HD sur le réalisme du film et son point de vue (9')
- Gros plan en HD sur le vrai Miller, militaire dont est inspiré le film et consultant technique (6')
- Module HD sur Bagdad reconstitué au Maroc et en Espagne (3')
- Commentaires audio du réalisateur et de Matt Damon
- Bande-annonce
Un ensemble de petite envergure, carré, mais pas terriblement enjoué (surtout les commentaires audio…). On note encore une fois l'application de Matt Damon, son investissement pour incarner un militaire de haut rang et comment de vrais vétérans sont entrés dans son jeu et ont purement et simplement obéi au comédien, leur supérieur hiérarchique dans le film.
en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !