Green Room
Un groupe de punk‑rock fauché accepte un concert dans un trou perdu pour se renflouer. Au moment de plier bagage, un des musiciens aperçoit un cadavre en coulisses. D’abord retenu contre son gré, le groupe comprend que Darcy, le propriétaire du lieu et chef d’une bande de skinheads, voit en eux des témoins gênants à supprimer. Le réalisateur Jeremy Saulnier (Blue Ruin) tente et réussit un survival à l’os. À l’os au sens propre, car le récit est particulièrement violent. À l’os aussi et surtout au figuré car Jeremy Saulnier ne s’autorise aucune facilité visuelle, aucun ralenti, aucun tour de passe‑passe scénaristique : présentation des personnages, suspense, morts, action, tout est sec et brutal, tout est en nerf, tout nous arrive en pleine tronche. On peut d’autant plus admirer la belle énergie vicieuse du récit qu’elle ne relâche pas une seconde et ce jusqu’à l’ultime réplique (franchement irrésistible) du film. On relèvera aussi la prestation hyper‑sobre et du coup bien flippante de Patrick « Professeur Xavier » Stewart qui incarne Darcy et celle, douloureusement juste, du regretté Anton Yelchin, interprète d’un des musiciens. On ne peut finalement reprocher à Jeremy Saulnier qu’un peu d’impétuosité dans la présentation initiale des personnages. Quelques minutes supplémentaires en prologue au cauchemar auraient pu nourrir une plus grande empathie avec les protagonistes.