Grand Central
Après pas mal de petits boulots, Gary décroche un job de nettoyage dans une centrale nucléaire. Il tombe amoureux de Karole, la femme que son collègue Toni s’apprête à épouser. Pour gagner plus d’argent et pouvoir fuir avec Karole, Gary décide de prendre de plus en plus de risques.
Rebecca Zlotowski réussit ici l’impossible : filmer l’invisible. Capter l’intensité et les nuances de choses aussi impalpables que la montée du désir et le danger de la radioactivité. Ici, nul artifice ou effets spéciaux. Juste un très grand talent de mise en scène et un jeu subtil sur les ambiances (photographie, bande‑son).
Mais Grand Central ajoute à cet exploit un autre, qui n’est pas moindre : éviter l’a‑peu près ou la caricature, contourner la chausse‑trappe du film‑reportage, jouer subtilement d’une mise en parallèle de la montée du désir et du danger radioactif. À la démonstration à gros sabots, Zlotowski préfère la subtilité, l’émotion, le regard lucide et sans a priori.
L’immense réussite du film tient aussi à un casting irréprochable. Petits ou grands rôles, tout le monde excelle, d'Olivier Gourmet à Denis Ménochet, Johan Libéreau ou Nahuel Perez Biscayart. Au milieu de cette distribution impeccable, on retiendra bien sûr les interprétations de Tahar Rahim ‑qui n’a jamais été aussi bon depuis Un prophète‑ et Léa Seydoux. Le couple transpire la sensualité et confère à sa moindre scène une intensité, une présence, une chair littéralement magnétiques.
Il ne reste plus qu’à espérer que Grand Central, très injustement boudé lors de sa sortie, profite de cette excellente édition Blu-Ray pour enfin trouver le public et les louanges qu’il mérite.