Grace de Monaco
Alors à l’apogée de sa carrière cinématographique aux États‑Unis et muse incontestable d’Alfred Hitchcock (Le crime était presque parfait, La main au collet), Grace Kelly (Nicole Kidman) rompt brutalement avec le rêve hollywoodien, quand elle épouse le prince Rainier III de Monaco en 1956. Toutefois, un dilemme s’impose à elle lorsque le cinéaste du suspense débarque au palais royal en personne afin de lui proposer le premier rôle dans son prochain film, Marnie. Le couple princier tangue et le contexte politique du pays, affecté par les tensions croissantes avec la France, n’arrange rien.
Après La môme, qui lui valut la consécration aux Oscars en 2008, Olivier Dahan s’attaque à un biopic de taille, celui de Grace Kelly, icône glamour du cinéma devenue altesse sérénissime sur le rocher monégasque. Tiraillée entre sa passion juste endormie du cinéma et ses nouvelles responsabilités, la princesse se meurt dans sa cage dorée, une autre culture et un passé qu’on lui reproche.
Le film décrit ainsi la scission entre la vieille Europe empêtrée dans des conventions séculaires et une Amérique émancipatrice désormais inaccessible. La perte de repères de Grace la pousse finalement à exploiter ce qu’elle sait faire de mieux dans une séquence à la limite de la mise en abyme, où elle se sert de sa performance d’actrice pour mimer chaque expression que se doit d’arborer une roturière fraîchement naturalisée altesse. Ainsi, elle passe du dédain au mépris, de la colère à l’apaisement, sous nos yeux perplexes devant les traits figés de Nicole Kidman qui, à 46 ans, peine à réincarner une princesse sacrée à 27 ans…
Un biopic grandiloquent, bien que sauvé par sa magnifique photographie.