Godzilla
Si ce Godzilla 2014 est absolument bluffant du point de vue de la mise en scène et des effets spéciaux, il est singulièrement consternant au niveau de son scénario. À force de vouloir faire plaisir à tout le monde, aux fans de la franchise Godzilla (plus de trente films quand même), au studio et à tous les publics de 7 à 77 ans, cette engeance n'a plus aucune personnalité et a en plus sacrément mal vieilli depuis le temps. Attention, spoiler…
Après la mort au bout d'un quart d'heure de la figure la plus charismatique et emblématique du film (Bryan Cranston, Breaking Bad), son fils (Aaron Taylor‑Johnson) prend le relais du premier rôle sans jamais vraiment être en mesure de l'incarner. Incapable de sauver son père, son personnage n'est pour rien dans la survie de son propre enfant, ni celle de sa femme d'ailleurs. Et il ne désamorce pas non plus la bombe finale. Bref, il ne fait que subir.
On ajoutera à cet étrange postulat les nombreux empreints (hommages ?) aux films de Steven Spielberg et au pompage quasi plan par plan de The Impossible de Juan Antonio Bayona pour la scène du tsunami, mais aussi dans celle du sauvetage de l'enfant sans nom. Difficile dans ces conditions de faire original ou de surprendre.
Godzilla ne brille finalement que par la représentation parfaitement réussie à l'écran de ses créatures. Mais le combat final, époustouflant dans sa forme, ne sert qu'une ligne écologique simpliste : l'homme est moins fort que la nature. Ah bon ?
Au final, ce Godzilla est d'autant plus frustrant que l'espace d'une séquence (le saut en parachute des soldats sur San Francisco en proie au chaos), on entr'aperçoit le film qu'il aurait pu être : une plongée en apnée au cœur du suspense et de la peur, sublimée par des effets spéciaux et une atmosphère époustouflants. Bref, les deux minutes de la bande‑annonce.