Gloria Mundi
Sur le point de sortir de prison, Daniel (Gérard Meylan) apprend qu’il est grand‑père d’une petite Gloria. Même si son ex‑femme Sylvie (Ariane Ascaride) a refait sa vie, il décide de rentrer à Marseille et rencontre sa famille recomposée, confrontée à une extrême précarité.
Sur le sublime requiem de Verdi, l’ouverture de Gloria Mundi semble faire la promesse de lendemains qui chantent au nouveau‑né temporairement à l’abri de la violence du monde (au passage, Robert Guédiguian cite le court métrage Vie, réalisé en 1993 par le poète cinéaste arménien Artavazd Pelechian). Car à l’extérieur, la ville de Marseille, réduite à des tours de verre et des quartiers déprimants (bien loin du cadre pagnolien du précédent film La villa), convie les personnages à son envers de carte postale. Des berges du Vieux‑Port envahies par les toiles de tente des migrants à l’hôtel miteux où échoue Daniel (Meylan, bouleversant), chaque histoire, solitaire ou collective, relate l’épuisement d’une époque peu encline à la solidarité.
Mathilda (Anaïs Demoustier, Alice et le maire) et Nicolas (Robinson Stévenin), les deux jeunes parents abonnés aux galères quotidiennes, représentent cette frange de la population résignée (à l’essai dans une boutique de fringues, Mathilda sait à quel point elle est interchangeable) ou sacrifiée sur l’autel de l’ubérisation. En dénonçant les répercussions tragiques de l’ultra‑libéralisme sur la dignité humaine, Guédiguian met à l’épreuve la famille en tant que dernier bastion (ou pas) face à l’effondrement du système.
Remarquable dans son interprétation de femme de ménage sans illusions, Ariane Ascaride a reçu le prix de la Meilleure actrice lors de la dernière Mostra de Venise.