Get Out
Rose (Allison Williams, Girls) et Chris (Daniel Kaluuya, vu dans Sicario) forment un couple mixte. Accoutumé à l’étiquette « Afro‑Américain », le jeune homme ne dissimule pas son appréhension lorsque sa petite amie le convie à passer le week‑end chez ses parents. Mais à force d’arguments persuasifs ‑après tout, le père de Rose a voté pour Obama‑ Chris se laisse embarquer pour un séjour pas tout à fait ordinaire…
Véritable carton au box‑office US et hexagonal, Get Out, dernier‑né des studios Blumhouse (Split, Paranormal Activity, American Nightmare) rejoint la tradition des grands films d’horreur des Seventies au sous‑texte politique.
Dans la maison cossue de la famille Armitage, Chris saisit le malaise derrière tant de prévenance, la dissonance aussi, après une séance d’hypnose nocturne supposée stopper son tabagisme. Sous le vernis WASP se trame une sorte de complot communautaire dont Chris sera la principale attraction.
De toute évidence, Jordan Peele appréhende l’instrumentalisation du protagoniste comme l’émanation d’un racisme latent, la mixité inconcevable dans les schémas rétrogrades de l’americana blanche débouche sur une perception/fonction strictement utilitaire de l’homme noir. Un postulat dingue en 2017, si bien qu’il occasionne une séquence désopilante dans laquelle l’ami de Chris, préoccupé par son absence, présente le topo à des flics hilares. Glaçant jusqu’à la salle des tortures qui voit défiler les futurs esclaves modernes, Get Out a bien choisi son genre pour questionner l’Amérique d’aujourd’hui.