Game of Thrones saison 5
Avec la saison 5 de Game of Thrones, on peut légitimement se demander si ses auteurs ne sont pas allés trop loin. Depuis sa création en 2011, Game of Thrones est un modèle de narration, une série ambitieuse, novatrice et palpitante qui a su gagner le cœur de millions de fans à travers la planète, notamment grâce à sa capacité à surprendre le téléspectateur mais aussi et surtout à le malmener. Tous les fans se souviennent encore avec émotion de l’épisode 9 de la saison 3, au cours duquel les auteurs D.B. Weiss et David Benioff prenaient un malin plaisir à trucider pas moins de trois personnages emblématiques. Mais deux saisons plus tard, à force d’en rajouter, les deux showrunners ont fini par déraper.
À la fin de l’épisode 6 de la saison 5, une protagoniste centrale de la série subit les pires sévices de la part d'un mari violent déjà responsable de la mort de sa mère et de son frère, le tout, devant le regard impuissant d’un ami d’enfance qui la considère comme sa sœur. La situation, particulièrement choquante, a d’autant plus fait bondir les fans qu’elle ne figure pas dans les romans d’origine et que, contrairement au massacre de l’épisode 9 de la saison 3, elle ne présente aucun intérêt narratif supplémentaire pour les personnages.
À force de pousser le curseur trop loin, on se demande bien comment les auteurs vont faire la saison prochaine quand on sait qu’ils n’auront plus aucun garde‑fou : George R.R. Martin, l’auteur des romans dont la série est adaptée, n’a pas terminé le prochain tome et les scénaristes vont devoir improviser.
Après cette surenchère permanente, cette violence outrée, ces humiliations constantes et cette cruauté devenue une véritable marque de fabrique, on souhaite que les choses rentrent dans l'ordre et que les différences entre le livre et la série soient exclusivement au service de l’histoire et non pas les manifestations de plus en plus choquantes d’un manque flagrant d’inspiration et d’une perversité à peine voilée. La série, dans son ensemble, vaut mieux que ça.