par Paco Altura
19 juin 2018 - 09h53

Fury

année
2014
Réalisateur
InterprètesBrad Pitt, Jon Bernthal, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

En avril 1945, les alliés traquent en Allemagne les dernières poches de résistance nazie. Norman (Logan Lerman), un jeune GI, est intégré à l’équipage vétéran de tank commandé par Don Collier (Brad Pitt). Au fil des missions, Norman apprend à apprécier ses coéquipiers, combattants efficaces mais hommes brisés, alors que ses valeurs sont malmenées par les horreurs des combats et la volonté de Collier de l’endurcir au plus vite pour survivre.

 

À travers un biais original, le suivi d’un équipage de char d’assaut, ce récit très violent plonge, sans trop surligner l’émotion, dans les affres morales auxquelles ont été confrontés les vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Le réalisateur David Ayer, par ailleurs aussi scénariste, dessine avec beaucoup d’efficacité les personnalités disparates formant l’équipage du tank baptisé Fury.

 

Les interactions sont très dures entre ces hommes, tous crédibles, tous réunis par le combat et les avanies, mais dont on pressent qu’ils ne se seraient jamais croisés sans la guerre. Ce cachet d’authenticité touche aussi le quotidien des hommes servant, dans un minuscule espace clos, la puissance meurtrière pourtant fragile du char Fury.


Grâce soit rendue aux excellentes performances des comédiens, particulièrement les impeccables Brad Pitt, Jon Bernthal et Shia LaBeouf, tous nourris par des confidences soufflées ‑les bonus en attestent‑ par d’authentiques vétérans de l’arme blindée. On peut par contre un peu tiquer face au personnage du Candide de l’histoire, le jeune Norman (Logan Lerman), qui souffre d’une écriture un peu moins précise et surtout d’un destin moins crédible.


Ces personnages, pour la plupart très forts, sont donc les protagonistes vraisemblables de scènes de combat extrêmement impliquantes. Le réalisateur parvient à montrer à l’image toute la tension, la monstrueuse violence et l’hystérie de la guerre en char, notamment lors d’une saisissante attaque d’un monstrueux char Tigre. Le film de Ayer malmène, monte en puissance, jusqu’à une bataille finale dantesque dont on comprend, le cœur brisé, qu’elle est autant motivée par un admirable héroïsme que par l’impossibilité pour les hommes du Fury de jamais espérer reprendre une vie « normale ».


On pouvait croire l’imagerie cinéma de la Seconde Guerre mondiale définitivement appropriée par le génial Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg et plus récemment le non moins génial Dunkerque de Nolan. David Ayer, qui a eu l’intelligence de supprimer toutes les séquences bavardes ou psychologisantes (que l’on peut voir en bonus) et de faire confiance à son très bon casting, prouve qu’il reste des espaces créatifs pour les auteurs audacieux.

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4k
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- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
23/05/2018
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1 UHD-99 + 1 BD-50, 134', toutes zones
2.40
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Québécois Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
Russe Dolby Digital 5.1
Allemand Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Japonais Dolby Digital 5.1
Ukrainien Dolby Digital 5.1
Portugais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, arabe, danois, néerlandais, finnois, allemand, grec, hindi, islandais, italien, japonais, coréen, norvégien, portugais, russe, espagnol, suédois, turc
8
10
image

Véritable dégradé de gris terreux et de bruns bleutés, le film tout entier ressemble un pastel d'époque, à la fois délavé et d'une très grande précision par le prisme de la 4K UHD. Ici, pas de couleurs flashy, de rouges pétants ou de lumières aveuglantes, mais une lisibilité, une clarté, des contrastes et un réalisme inédits. 

 

Mix de séquences numériques 4K et de pellicule 35 mm, le tout scanné, monté et masterisé en 4K (le film fut en 2014 parmi les premiers à être doté d'une chaîne de post‑production totalement 4K), l'intégralité processus est dévouée au rendu très particulier et crépusculaire du film. Malgré un HDR timide (mais le film n'y prête pas), on note d'emblée un surcroît de nuances qui permet aux grands aplats quasi monochromes du film (les camps de base et leurs teintes marron par exemple, ou la verdure de la campagne qui retrouve du peps) de révéler moult détails et variations de couleurs. Les noirs se montrent aussi plus corsés, les blancs (le ciel, toujours opaque) plus lumineux. La netteté accrue révèle quant à elle des visages encore plus marqués, sales, burinés et effrayants. Une précision nouvelle qui ne révèle pas d'effets spéciaux disgracieux.

 

Car c'est bien l'horreur de la guerre qui se dévoile devant nos yeux, sans sensationnalisme mais avec un réalisme glaçant. Au final, un master 4K UHD tout en finesse qui n'en fait jamais trop mais très efficace dans l'ensemble.

10
10
son

Une succession de charges, d'attaques, de replis, de scènes à terre insoutenables, de moments de bravoure jusqu'au grand combat intense et épuisant. Le film était taillé pour le Dolby Atmos (les avions passent et repassent dans la salle Home Cinéma) et le résultat chargé en tension est physiquement éprouvant. Premièrement, d'un point de vue sonore : les watts sont là, la plage dynamique est terrible et le caisson bastonne vraiment dans les infras.

 

Deuxièmement, l'immersion dans l'horreur et le char Fury est telle, qu'elle manque de nous faire suffoquer. L'artillerie lourde est propice à toutes sortes d'effets qui sifflent et fusent tout autour de nous, le placement des effets est vraiment détonnant même si le réalisateur n'a pas opté pour une débauche de moyens cartoonesques. Le film déroule sa bande‑son implacable avec une véritable science du dosage, entre moments de tension extrêmement forte quasi muets et fulgurances métalliques (canons, mitraillettes, explosions, armes et balles de toutes sortes). 

 

En VO s'entend, car la VF simple Dolby Digital 5.1, bien moins impactante et naturelle (ah les doublages…), est totalement à proscrire.

8
10
bonus
- Focus sur le Tiger 131 (6')
- Au cœur de Fury (7')
- L'affrontement des blindés (7')
- À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire : l'horreur des combats (28')
- Documentaire sur les chars blindés (46')
- Bande-annonce
- Scènes additionnelles et inédites (56')
- Frère de sang : l'équipe et les acteurs parlent du tournage (11')
- Journal de combat du réalisateur (18')
- Soldats blindés : les vrais hommes dans les Sherman (12')
- Mater la bête : comment conduire, tirer et bombarder dans un blindé de 30 tonnes (13')
- Photothèque
- Blu-Ray du film et une partie des bonus

Une fois n'est pas coutume, le disque 4K UHD et le Blu‑Ray renferment autant de bonus l'un que l'autre. Ces suppléments complémentaires et tous passionnants attestent du travail énorme de préparation qui précéda le film. 

 

On comprend très vite que c'est le souci de réalisme qui guida le réalisateur tout au long de son aventure, un parti pris qui a très vite imposé les armes réelles à l'écran, chargées toutefois à blanc (chaque acteur ou figurant devait signer une décharge avant de prendre son arme attitrée sur le tournage). Même authenticité avec le fameux char allemand Tiger 131 dont il reste six exemplaires dans le monde mais un seul en état de marche, celui du film. Véritable monstre de guerre, on passe en revue ses caractéristiques en compagnie de spécialistes. Inutile de dire que la production a marché sur des œufs avec lui. 

 

Les autres modules abordent chacun des points bien précis de l'histoire ou de la technologie de l'époque, notamment « Au cœur de Fury » et son infographie 3D qui rend bien compte de l'espace très confiné d'un char de combat. Char par ailleurs reconsitué en studio pour les mouvements de caméra et les prises de vues à l'intérieur.

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