Furie
À la toute fin de Carrie, l’unique rescapée du massacre de l’école, interprétée par May Irving, faisait un cauchemar dans lequel, devant les ruines de la maison des White, sa main était agrippée par celle de Carrie White.
Réalisé deux ans plus tard, Furie, thriller d’espionnage, film fantastique et drame œdipien, reprend la ligne de Carrie et développe le thème de la télékinésie, en confiant à Amy Irving le rôle de Gillian, une jeune fille aux pouvoirs paranormaux que sa mère va confier à l’Institut Parangon et aux bons soins d’un ténébreux gourou incarné par John Cassavetes. Lequel ‑c’est la formidable d’ouverture‑ a kidnappé le fils de son meilleur ami (Kirk Douglas) afin d’exploiter ses dons hors du commun et le transformer en un surhomme.
C’est sans doute l’un des films les moins connus de Brian de Palma, et pourtant, Furie fait jeu égal avec Obsession, Pulsions ou encore Snake Eyes. Sa critique de l’Amérique contemporaine, entre interventionnisme aveugle et manipulation des masses, fait mouche, et son style, mélange de folie, de baroquisme et de suspense hitchcockien, atteint des sommets.
L’opposition entre Kirk Douglas, vieille gloire de Hollywood plongée dans une société qu’il ne reconnaît plus, et Cassavetes, le mauvais père, donne à De Palma la matière d’un film inspiré, assez fou, visuellement étonnant, où tout semble poussé jusqu’à son paroxysme. Un grand film à réévaluer.