Funeral Killers
Lors d’une orageuse nuit de Réveillon, Chen (Nick Cheung), le légiste de la morgue de Hong Kong, s’apprête à faire ses adieux à Qiao (Zi Yang), son assistante appelée à rejoindre le prestigieux institut médico‑légal de Pékin. Le duo est seul en compagnie d’un débonnaire vigile, Jin. Soudain, trois individus armés et masqués font irruption. Ils exigent que Chen charcute un cadavre arrivé le jour précédent pour en extraire une balle, visiblement compromettante. Entre Chen, Qiao et les étranges braqueurs, un mortel jeu du chat et de la souris s’engage.
Cette petite production asiatique bénéficie d’un scénariste et d’un réalisateur improbables. À l’écriture, on retrouve David Lesser, ex‑plumitif de la série Madame est servie. Derrière la caméra, le Finlandais Renny Harlin. Ce dernier, jadis prometteur cinéaste d’action hollywoodien (Cliffhanger, 58 minutes pour vivre alias Die Hard 2), se refait depuis quelques années une santé en Asie après une série de gros échecs publics (Driven, L’île aux pirates) et quelques nanars (Peur bleue, La légende d’Hercule). Avec une telle équipe, on pouvait légitimement craindre un crash absolu. Ce n’est pas le cas.
Harlin reste un excellent faiseur avec une prédilection pour les scènes d’action. Il le prouve une fois de plus ici, soutenu par le chorégraphe de combat Sam Wong, l’un des prodiges formés par l’équipe cascade de Jackie Chan. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, le script de David Lesser ménage un grand nombre de rebondissements qui, s’ils ne brillent pas par leur originalité, maintiennent constamment le récit en tension et le spectateur en éveil. Dernier bon point : les personnages des deux légistes, clairement posés comme des intellos pas du tout adeptes des arts martiaux, s’avèrent non seulement décidés à élucider ce curieux braquage, mais surtout à utiliser tout ce qui leur tombera sous la main pour ne pas laisser faire les brutes.
Funeral Killers n’est pourtant pas exempt de critiques. Certaines séquences sont trop longues, quelques péripéties tirées par les cheveux (scène de la grue, scène de « torture ») voire carrément de mauvais goût (le flashforward de Chen). Et on peut aussi regretter que l’affrontement entre légistes et braqueurs reste uniformément physique alors qu’un peu de tension psychologique aurait pu améliorer le fond de sauce. On déplore surtout un épilogue piteux : les dix dernières minutes mélangent pêle‑mêle plusieurs vagues idées qui, empilées, n'offrent plus guère de sens.
En dépit de ces gros défauts, Funeral Killers reste un film assez distrayant, un quasi-huis clos filmé avec une efficacité brute de fonderie. Ce genre de divertissement est aujourd’hui complètement passé de mode, mais il faut reconnaître que, durant 80 minutes, on y trouve un vrai plaisir coupable.