Free State of Jones
Déserteur sudiste et fermier du Mississippi, Newton Knight prend les armes pour lutter contre les réquisitions militaires qui affament les paysans. Il doit se réfugier dans les marais et s’associe avec une troupe d’esclaves en fuite. Le groupe est bientôt rejoint par d’autres désespérés et va tenter de créer une zone autonome où tous les hommes vivent égaux en droit.
Confier un authentique personnage historique aussi singulier que Newton Knight à Matthew McConaughey était une riche idée. Le comédien persiste à l’excellence avec une interprétation intense qui aurait néanmoins gagné à avoir plus d’aspérités. Le comédien est épaulé par un casting impeccable, notamment le récemment oscarisé Mahershala Ali qui créé, lui aussi, un personnage atypique avec l’ex‑esclave évadé Moses Washington. Car ces hommes se sont extrait des querelles politiques de l’époque (le Sud et le Nord, le racisme et l’esclavage) pour tenter de promouvoir et défendre tout simplement les valeurs fondamentales d’égalité inscrites dans la constitution américaine. Autant dire une belle illusion dans le contexte tourmenté de l’époque, et peut‑être encore aujourd’hui.
Si le réalisateur Gary Ross sait mener avec énergie ses scènes de bataille, il est aussi habile pour capter les ambiances (très bonnes séquences dans les marais) ou croquer en quelques plans un personnage. Il s'est par contre pris les pieds dans le tapis au moment de l'écriture du scénario. Car Free State of Jones voit trop grand à vouloir brosser à la fois le tournant de la guerre de Sécession, l’émergence puis la chute de l’État libre de Jones, les manœuvres innommables tentant de réinstaurer en douce l’esclavage, la montée du Ku Klux Klan…
Une trop longue période, des contextes trop variés nuisent au rythme et au discours du film. Pire, un flashforward totalement inutile vient ici et là interrompre le récit pour suivre les déboires d’un descendant de Knight dont la justice raciste du Sud tente de briser le mariage.
À trop vouloir conter, Gary Ross finit par survoler tous ses sujets et se mue, dans une seconde moitié, en œuvre quasi scolaire. La généreuse entreprise, même si elle est peuplée de personnages attachants et atypiques, finit par totalement égarer son élan et son souffle.