Finalement
Lassé par sa vie, Lino, un avocat, se lance dans un road trip musical sur les routes de France.
En fin de compte
Ce 51e long métrage de Claude Lelouch est une sorte de condensé de son œuvre, ou du moins de ses marottes de réalisateur/scénariste : un casting éblouissant, des autocitations à profusion et des aphorismes romantiques ne font pas forcément un bon film.
Assurément, Finalement n’est donc pas le meilleur film de Lelouch, d’autant qu’il est rempli de clins d’œil à deux de ses chefs‑d’œuvre des années 70 : L'aventure c'est l'aventure et La bonne année. Des must du genre lelouchien. Le personnage principal Lino, incarné par Kad Merad, est censé être le fils de Lino Ventura dans La bonne année, tandis que Sandrine Bonnaire est la fille de Nicole Courcel dans L'aventure c'est l'aventure. Étonnamment, cet artifice scénaristique, assez savoureux sur le papier, ne prend jamais vraiment et plombe même le film qui souffre forcément de la comparaison. Ce n’est même pas très subtil et cela n’ajoute pas grand‑chose, ni pour les personnages, ni pour les spectateurs.
Ce « Lelouchverse » est bancal, d’autant qu’il n’est pas vraiment maîtrisé. Dans un même élan, Robert Guédiguian a fait beaucoup mieux dans la réutilisation de ses vieux plans dans de nouvelles fictions. La photo iconique de Ventura, omniprésente dans le film, n’arrive même pas à faire passer les trop grosses facilités de scénario, remplies de hasards et de coïncidences qui n’ont au final rien de très lelouchien. Ici, le réalisme naïf du réalisateur, que l’on adore en général, ne fonctionne plus. Il sent l’artifice nostalgique, voire le factice. On a vu mieux comme film testamentaire. Et que dire de cette plaidoirie sur la prostitution qui sent un peu le formol ?
Kad est bas
Si Kad Merad est en général un bon acteur, force est de constater qu’il n’est définitivement pas un acteur lelouchien capable de faire passer des vessies pour des lanternes. Car oui, le cinéma de Lelouch est naïf, ose tout, est rempli de guimauve musicale redondante, et c’est en général pour cela qu’on l’apprécie. Mais il faut des acteurs à la hauteur, capables de faire accepter ces artifices. Kad Merad n’y arrive pas vraiment, et c’est sans conteste le gros bémol du film.
Fin, si fin
Comme d’habitude chez le réalisateur, on frise le grotesque mais une certaine poésie naît régulièrement de petits riens, comme cette multitude de rencontres et de personnages qu’égrène le film. Les réflexions sur l’amour, Dieu ou l’existence sont touchantes et tombent souvent juste. Le cinéma de Lelouch est encore une fois optimiste et joyeux, et çà et là, le film arrive à nous emporter car le réalisateur n’est assurément pas manchot à presque 90 ans. Il sait nous faire du bien, même si au bout de 51 films, on commence vraiment à voir les ficelles.
En fin de compte, ce Finalement est un film qui, malgré ses ambitions et ses moments de grâce, peine à convaincre pleinement. Claude Lelouch nous offre une œuvre personnelle et poétique dont les facilités scénaristiques et les performances inégales des acteurs nuisent à l'ensemble. Le film reste une expérience cinématographique intéressante, surtout pour les amateurs de l'univers de Lelouch, mais il ne parvient pas à atteindre les sommets de ses œuvres précédentes.