par Paco Altura
24 mars 2014 - 11h45

Fedora

année
1978
Réalisateur
InterprètesWilliam Holden, Marthe Keller, Hildegard Knef, José Ferrer, Mario Adorf, Michael York
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Fedora, légendaire actrice d’Hollywood, met fin à ses jours en se jetant sous un train. Retour arrière : quelques mois auparavant, Barry Detweiler, un producteur de cinéma sur le retour, tentait son va‑tout en lui proposant un film. Mais impossible d’approcher Fedora, qui vit recluse sur une île grecque. Detweiler décide d’aller rencontrer l’actrice, mais la garde rapprochée de Fedora l’en empêche si obstinément qu'il finit par s'interroger : Fedora serait‑elle prisonnière de ses proches ?

Un réalisateur de légende, Billy Wilder, réalise son dernier film indépendant (et son dernier grand film tout court) en s’attachant à une actrice de légende poursuivie par un homme sur le retour (William Holden). Pour le cinéphile, le film fait immanquablement écho aux thèmes développés par Wilder dans son monumental Boulevard du crépuscule qui mettait en scène, lui aussi, William Holden.

Mais les années ont passé : sur le visage de Holden ‑qui incarne clairement ici un alter ego de Billy Wilder livrant son dernier combat‑ et sur l’aura du réalisateur qui, lâché par ses producteurs américains, ne pourra réaliser Fedora que grâce à l’appui de financiers allemands. Ce changement d’époque sera d’ailleurs durement ressenti durant le tournage par Marthe Keller : l’actrice, habituée aux improvisations, aura beaucoup de mal à se couler dans la matrice de Billy Wilder où rien, du moindre geste au plus petit élément de décor, n’est dû au hasard.

Il est impossible d’analyser le film sans en griffer ou déflorer l’histoire. Fedora est en effet un constant jeu de faux‑semblants, une œuvre riche en ombres et pourtant paradoxalement inondée par la lumière des sunlights et le soleil hellénique. Malgré son écriture délicate et sa mise en image somptueuse (apparition de Fedora lorsqu’elle reçoit Henri Fonda), le film peut être vu comme un grand classique un peu tardif.

Un classique imparfait ‑certains coups de théâtre sont aujourd’hui prévisibles‑ mais un classique quand même car Fedora est rien moins que le plus sincère, le plus élégant, le plus bouleversant chant du cygne de l’âge d’or de Hollywood.

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Tous publics
Prix : 20,06 €
disponibilité
26/02/2014
image
BD-50, 113', zone B
1.85
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 2.0
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
10
10
image
Il est évident que le film n'a pas été visible dans d'aussi bonnes conditions depuis des décennies, si même il l'a jamais été. Piqué, détail, couleurs, tout a été si méticuleusement restauré, tout reprend vie avec une telle maestria qu'il vaut mieux parler ici de résurrection plutôt que de restauration. La photo suprêmement élégante composée par Gerry Fisher explose à chaque plan, qu'il s'agisse de la pénombre classieuse des séquences d'intérieur (la maison de Fedora, le salon funéraire) ou du soleil inondant la silhouette de Fedora face à Henri Fonda. Une pure, une absolue splendeur !
5
10
son
La piste sonore est propre et claire mais les possesseurs de Home Cinéma ne devront pas attendre de miracle de ce Dolby Digital 2.0. Il s'agit là d'une piste sonore à l'ancienne qui ne peut offrir le relief ou les effets de spatialisation qui n'existaient pas à l'époque. Malgré ces limites techniques inhérentes à l'âge du film, la splendide musique signée Miklos Rozsa arrachera des larmes au plus exigeants cinéphiles.
8
10
bonus
- Le chant du cygne : l'histoire du Fedora de Billy Wilder (86')
- Restauration de Fedora (4')
- Diaporama photos de tournage
Le documentaire « Le chant du cygne : l'histoire du Fedora de Billy Wilder » offre une extraordinaire plongée intime dans les arcanes de Fedora. Les survivants de l'entreprise, y compris un Michael York très malade mais toujours élégant, détaillent chacune des étapes de la création mouvementée de Fedora avec passion et beaucoup d'anecdotes. Avec honnêteté et modestie, les intervenants racontent les difficultés et les enjeux du film. Tous offrent des témoignages très riches et font preuve d'une honnêteté remarquable avec prime à Marthe Keller qui, tout en confessant son immense admiration pour Billy Wilder, ne fait aucun mystère de ses difficultés avec le réalisateur. Dans la mesure où le document explore en profondeur Fedora, il est formellement déconseillé de le visionner avant d'avoir vu le film. Le bonus consacré à la restauration vaut, lui aussi le déplacement. Malgré un court préambule très technique, le document parlera ensuite au plus grand nombre en montrant de saisissants « avant‑après » restauration sur certaines scènes‑clés du film.
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