Ouvrier dans une petite ville chinoise, un père de famille apprend qu’il est atteint d’une leucémie. Les frais d’hospitalisation, d’abord pris en charge par son usine en difficulté, doivent finalement être assumés par ses proches. Mère et enfants vont alors s’atteler à la tâche afin de lui offrir une chance de guérison.
En dépit de ses paysages industriels nimbés de pollution, Fantasia fait émerger l’espoir avec des percées oniriques récurrentes en bordure du fleuve et sur un bateau imaginé par Lin, le fils vulnérable de la tribu. Ses escapades loin des brimades des collégiens ou d’un foyer qui n’est plus tout à fait le même contrastent avec l’âpreté du quotidien.
À travers cette douloureuse chronique familiale, Wang Chao dépeint un certain état de la Chine actuelle, dans laquelle la classe ouvrière trime quand elle n’est pas congédiée de façon impersonnelle (un haut‑parleur égrène le nom des malchanceux, en se payant le luxe d’un infâme oxymore : « licenciés glorieusement »).
Heureusement, l’horizon poétique de Lin atténue le malheur par petites touches lumineuses. « À travers ce garçon, la réalité et l’absence de réalité, la vie et la mort, notre croissance et notre dégradation ‑tout cela constitue une forme spirituelle qui protège notre dignité (…) la luminosité éclatante et l’obscurité, la froideur des tonalités et la chaleur des couleurs‑ peu à peu, la frontière entre les deux extrêmes disparaît, tandis qu’espoir et désespoir se rejoignent » (Wang Chao).