Eyes of War
Huit ans après No Man’s Land, Oscar mérité du Meilleur film étranger en 2002, le cinéaste bosniaque Danis Tanovic revient à ses premières amours, ou plutôt ses premières horreurs, celles de la guerre et de ses ravages.
Adapté d’un roman de Scott Anderson (Triage), Eyes of War plonge dans les montagnes arides du Kurdistan dont l’armée, à la fin des années 1980, lutte contre le régime de Saddam Hussein. Fatigué de la vie au front, David (James Sives), un photographe de guerre dont la femme est enceinte, veut rentrer chez lui, tandis que Mark (Colin Farrell), son ami de toujours, tient à attendre la prochaine offensive kurde. Quelques semaines passent et l’on retrouve Mark, de retour à Dublin, aussi déprimé qu’affaiblit physiquement. Que s’est‑il passé entre‑temps ? Pourquoi Mark dépérit‑il à vue d’œil ? Quel secret le mine ?
Si la première partie du film tient plutôt la route (les séquences de guerre prises dans l’objectif des photographes, le triage des blessés par un médecin kurde contraint d’abattre les plus faibles), le film s’enlise lors de son retour à Dublin. L’arrivée inattendue de Christopher Lee, dans le rôle d’un ex‑dignitaire médecin du régime franquiste censée soigner les blessures psychologiques de Mark, n’arrange rien à l’affaire. Les clichés défilent et se ramassent à la pelle : le stress post‑guerre, l’objectif photographique comme écran à une réalité violente, la mort dont il faut apprendre à faire le deuil, etc.
Sur un sujet parfois similaire, on reverra le très bon Brothers de Jim Sheridan. Enfin, Colin Farrell, qui avoue avoir perdu quinze kilos pour le rôle, confirme sa capacité à faire preuve du meilleur (Miami Vice, Ondine) et du moins bon (ici, totalement perdu dans un rôle monocorde).