Escalade
Le jour de son anniversaire, la proviseure Alice Nabat (Carmen Maura) reçoit la visite de quatre de ses élèves de terminale S. Surprise et touchée par leur attention, elle les invite à fêter l’événement chez elle. Le plan machiavélique des adolescents fonctionne à merveille ; ils la contraignent à un odieux chantage avec toute la violence que cela suppose. La nuit promet d’être longue et la confrontation entre les élèves et leur proviseur, impitoyable.
Adaptation libre d’une pièce russe Chère Elena Sergueievna, signée Ludmilla Razoumovskaïa, Escalade échange les adolescents ‑produits barbares nés de la chute du communisme‑ contre des élèves de bonne famille, dont le seul souci est de récupérer leur devoir raté du baccalauréat. Ainsi, les manigances de ces privilégiés, pleins d’arrogance et de cynisme, ne sont motivées que par la petitesse de leur nombril.
Le message de la réalisatrice paraît clair : entre les murs des milieux favorisés, les enfants gâtés ne bénéficient ni de l’excuse de leur prétendue inconscience, et encore moins de celle de leurs origines. Cette jeunesse ignorante et délibérément uniforme constitue ici le simple contrechamp de celle de banlieue, d’ordinaire pointée du doigt.
L’excellente performance de Carmen Maura pulvérise le jeu caricatural des acteurs amateurs. Mais l’effroi censé naître de leur cruauté se change en exaspération, au fur et à mesure que le huis clos perd en monstruosité pour gagner en mauvaise plaisanterie. Dommage.