Eric
Décidément, les personnages d’antihéros antipathiques lui vont bien. Après Sherlock, Benedict Cumberbatch s’illustre en interprétant un père de famille drogué, alcoolique et égocentré dans la série Eric.
Thriller dramatique audacieux et singulier, la nouvelle série d’Abi Morgan (The Hour, Split) met en scène Vincent, considéré dans les années 80 comme l'un des meilleurs marionnettistes de Big Apple, père de famille totalement narcissique, drogué et alcoolique dont le fils unique va disparaître. Fugue ou enlèvement ? Désespéré, Eric part à sa recherche, physiquement hanté par une créature que son fils avait imaginée et croquée juste avant de ne plus donner signe de vie.
Noire mais pas sans concessions
Antipathique s’il en est dans son personnage de père éploré mais ultra‑fêtard, Benedict Cumberbatch est à la fois stupéfiant et pathétique, agaçant et touchant. Tout comme Gaby Hoffmann dans la peau de Cassie, la mère du fils disparu. Sans parler de McKinley Belcher III qui, dans le costume peu évident d’un inspecteur gay afro‑américain, fait preuve à l’écran d’une émouvante sincérité doublée d’un stoïcisme fascinant. Des comédiens toutes et tous si bons que même la grosse peluche imaginaire n’arrive pas à leur voler la vedette. C’est dire.
Le New York des Eighties, le foyer sordide des policiers véreux, les boîtes de nuit interlopes… autant de décors qui semblent vouloir convoquer l'incontournable The Cruising de Friedkin. La réalisation soignée réserve même quelques belles séquences musicales (celle sur A Forest de The Cure par exemple apporte une ampleur inattendue), mais la narration s’encombre de trop d’artifices pour définitivement convaincre, un peu comme si sa scénariste/réalisatrice n’avait jamais réussi à trancher la tonalité de sa série. Eric surprend et fascine mais déçoit aussi dans son épisode final franchement pas à la hauteur de la noirceur distillée tout du long des 6 épisodes. Dommage.