Ennemis jurés
Quelle drôle d'idée que d'adapter la tragédie de William Shakespeare de nos jours avec des hommes en armes et des blindés, même si Baz Luhrmann l'avait déjà fait ‑et plutôt avec brio‑ avec Romeo + Juliette. Ici, c'est Ralph Fiennes, porteur de ce projet, qui a réussi à convaincre plusieurs petites sociétés de production de s'impliquer financièrement dans l'entreprise. Le résultat n'est malheureusement pas vraiment à la hauteur de l'œuvre originale. Au scénario pourtant, John Logan (Skyfall).
Nous voilà donc dans une Rome vaguement futuriste où les citoyens meurent de faim. Coriolanus (Ralph Fiennes) fait régner l'ordre sur la ville et se moque éperdument des aspirations du peuple. Mais celui-ci ne va pas tarder à se révolter. Trompé et banni de la ville par son propre clan, dont sa mère (Vanessa Redgrave), Coriolanus va alors demander de l'aide à son ennemi de toujours, Tullus Aufidius (Gerard Butler), pour se venger et reprendre le pouvoir...
Pas facile d'aborder sereinement le film sans connaître l'œuvre de Shakespeare, qui allait bien au‑delà de la simple tragédie et qui avait une véritable portée philosophique sur la nature du pouvoir et des relations entre les acteurs sociaux.
Le problème ici, c'est qu'entre deux dialogues théâtraux filmés dans une ambiance étrange, on ne peut s'empêcher d'entrevoir la lutte pour le pouvoir de deux personnages qui n'ont rien à voir avec Shakespeare : Voldemort et Leonidas.