En route pour le Maroc
Après le naufrage du navire sur lequel ils voyageaient clandestinement, deux passagers, Jeff et Orville (Bing Crosby et Bob Hope), échouent sur la côte marocaine. Là, ils vont découvrir un royaume digne des Mille et une nuits, où ils vont succomber aux charmes de la belle princesse Shalmar (Dorothy Lamour), provoquer l’ire d’un cheikh cruel (Anthony Quinn), avoir des mirages de drive‑in dans le désert, se transformer en singe et bien d’autres choses encore…
À travers la lucrative série de films En route pour…, initiée par En route pour Singapour en 1940, le duo comique Bob Hope/Bing Crosby offrait au public américain, alors préoccupé par la Seconde Guerre mondiale, un divertissement complet, réunissant à la fois comédie musicale, road‑movie, exotisme, fantastique et même buddy movie. Touche‑à‑tout, les deux acteurs dansent, chantent, se chamaillent, mêlant dans ce pot‑pourri humour burlesque, absurde et même « nonsensique ». On appelait ce joyeux bordel une « screwball comedy », soit une comédie loufoque partant dans tous les sens. Joutes verbales, mélange de rêve et de réalité, quiproquos : voici quelques ingrédients indispensables, qu’il s’agissait de secouer allégrement pour obtenir le mélange le plus hétérogène possible.
Cet épisode au Maroc réserve quelques belles surprises pour le spectateur conscient qu’il est nécessaire de s’affranchir du regard de l’époque sur ces contrées lointaines, visions fantasmées d’un Occident pas effrayé par les clichés. En faisant fi de ces considérations, il sera possible d’apprécier le talent et l’énergie débordante du tandem Hope/Crosby, ainsi que la fantaisie rafraîchissante de cette épopée, quelque part entre les Looney Tunes et Laurel et Hardy.