En chantant derrière les paravents
Dans un cabaret chinois, un vieux capitaine (Bud Spencer) raconte, sur fond de spectacle chanté et dansé, l’histoire mythique de la veuve Ching (Jun Ichikawa), qui décida de prendre la mer pour venger son époux. Au commandement des troupes du défunt, la femme pirate attaque les bateaux de l’empereur. Trouvera‑t‑elle la paix dans son désir de vengeance ? Pendant ce temps, le spectateur, transporté par ce qu’il voit et entend, entreprend un périple merveilleux au temps de la Chine du XIXe siècle.
Dès lors, il ne s’agit plus de théâtre mais bien de cinéma, les caméras du réalisateur Ermanno Olmi (Palme d’or en 1978 pour L’arbre aux sabots) quittant la scène pour mieux capter les affrontements des jonques. Le capitaine narrateur prend alors ses fonctions de commandant de bord. Habile mise en abyme, ce récit dans le récit offre une réflexion intéressante sur le bien‑fondé et l’utilité de la vengeance, ainsi que sur les bienfaits du pardon.
Chargé de métaphores et de symboles, ce film surréaliste et maître de l'illusion à bien des égards (tournage sur un lac du Monténégro, acteurs chinois parlant tous en italien…) se veut avant tout contemplatif et sensuel, chaque séquence étant filmée comme un tableau à la composition étourdissante. Une œuvre de rêveur idéaliste, à la fois intellectuelle et sensorielle, chargée de messages (politiques, sociaux, philosophiques). À chacun de faire le tri et d’accepter, ou non, de faire partie de ce voyage résolument cryptique.