20 juin 2024 - 16h20

Emilia Pérez

année
2024
Réalisateur
InterprètesKarla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez, Adriana Paz
éditeur
genre
sortie salle
21/08/2024
notes
critique
9
10
label
A
© Shanna Besson
© Shanna Besson
© Shanna Besson
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Au Mexique, Rita est une avocate surexploitée par un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice et prôner la parité. Un jour, le chef de cartel Manitas s’adresse à elle pour réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années…

 

Emilia Pérez, un choc, un oxymore cinémathographique

Un choc et pas qu’un peu, quand on sort de la projection de ce dixième film signé Jacques Audiard. Le Festival de Cannes où il a été présenté au mois de mai ne s’est pas trompé en lui décernant le Prix du jury, le Prix d’interprétation féminine pour l'ensemble de ses actrices et accessoirement le Cannes Soundtrack 2024 (un prix remis en marge du festival). Oui, la mise scène est brillante, oui les actrices sont formidables et notamment le binôme Karla Sofía Gascón (la révélation du film)/Zoe Saldaña. Selena Gomez et Adriana Paz ont objectivement un peu bénéficié du côté commun du prix, même si leur prestation ne démérite pas. Qu'importe. Elles sont juste en dessous et surtout moins présentent à l’écran. Et enfin, oui, la musique est très belle. Et accessoirement, les chorégraphies aussi.


Évidemment, quand on parle de comédie musicale, il vaut mieux imaginer Annette (Leo Carax) que LA LA Land (Danien Chazelle) ou les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy). Le film nous emporte par son histoire géniale et les parties musicales chantées/dansées ne paraissent en rien incongrues. Elles s’intègrent parfaitement dans le film et le placent d’emblée dans le genre dramatique, mélo exacerbé dans lequel il s’inscrit.


Emilia Pérez est donc un choc car honnêtement, sur le papier, il y avait de quoi douter : une comédie musicale féministe et trans sur des cartels mexicains, réalisée par un Français plus adepte des films qui souvent décortiquent la violence et la noirceur masculine… Mais le résultat est là : véritable oxymore cinémathographique, comédie et drame, musicale et sanglante. 

L’amalgame de l’autorité et du charme

Ce que l’on retiendra surtout, ce sont ces deux personnages de femmes fortes, l’avocate et l’ex‑parain devenu femme qui s’émancipent à leur manière dans un monde d’hommes, pour au final être rattrapées par leur destinée. L'ananké dont parlaient les Grecs anciens…


Elles sont extraordinaires, touchantes, inspirantes et magnifiques à la fois. Il est d’ailleurs assez dommage de réduire le film à la transidentité. Thème qu’Emilia Pérez aborde certes, mais qui n’est presque qu’accessoire : un incroyable ressort scénaristique au service du parcours parallèle de deux personnages et de l’image qu'ils renvoient aux autres, réfutant tour à tour les assignations sexuelles et les frontières morales dans un ahurissant geste de (sur) vie, beau et inconscient.


Encore une fois, le réalisateur d’Un prophète et de Dheepan se réinvente, lorgnant autant vers Almodovar, De Palma ou le soap opera latino, et nous étonne de ses fulgurances formelles qui n’ont d'égales que celles de son scénario.

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test
4k
cover
Prix : 24,99 €
disponibilité
21/12/2024
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 132', couleurs
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 7.1
Espagnol Dolby Atmos
Espagnol Dolby TrueHD 7.1
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
9
10
image

Aucun décor naturel ou presque, des clairs‑obscurs on/off très travaillés, en bref, une direction artistique assumée qui aboutit à un film pictural très marqué, presque théâtral. Des partis pris assumés et assez bluffants en 4K. Tout est très beau, à la fois étrange, irréel et en même temps naturel. On se doute que de nombreux spectateurs ne se sont pas rendu compte du subterfuge du tournage exclusivement en intérieur. Très sombre, le film est parfaitement rendu ici avec un HDR Doby Vision apportant une grande précision des contours et de la densité dans les couleurs (costumes, maquillages, tentures…). 

9
10
son

Les acteurs avaient déjà enregistré en studio leurs passages chantés mais les ont aussi réinterprétés en direct sur le plateau. À l'équipe du son de mixer les enregistrements et d'aboutir à ce film hors normes, à la fois dans sa forme et son univers musical. Les passages chantés, parfois presque parlés, sont nombreux et donnent le pouls du film, même s'ils n'ont pas tous la même fonction chez chaque personnage. 

 

La piste espagnole d'origine est à privilégier tant elle donne toute son essence au film, avec son ampleur très intéressante et ses multiples effets hauteur très audibles qui participent à la sensation de grandeur du film.

5
10
bonus
- Conversation entre Jacques Audiard et Philippe Rouiller (36')
- Couleurs du tournage, making of (12')

Face à Philippe Rouiller, Jacques Audiard insiste sur le genre du film, davantage un drame musical d'une comédie, de toute évidence. Fruit d'un très long processus de création long de six années et malgré des repérages au Mexique, il a préféré in fine tourner en studio pour pouvoir capter le film qu'il avait exactement en tête, avec ses jeux de lumière très théâtraux notamment. Et pour cause, le film avait été à l'origine pensé comme un opéra. 

 

Le réalisateur évoque ses fausses routes comme l'âge des personnages plus jeune au départ, le travail autour de la musique (primordiale dans le film) et la mise en place de séquences clés. Il s'interroge aussi sur son obsession de tourner dans des langues qu'il ne maîtrise pas du tout pour, peut‑être, n'en garder que la musicalité. Un entretien incontournable. 

 

Le petit making of montre l'équipe en action depuis les coulisses et l'étrangeté assez féerique de ce tournage en studio avec beaucoup d'ampleur et de mouvement dans le cadre. Une profondeur de champ qui a d'ailleurs coûté cher à la production, quand il s'agit de recréer de toutes pièces des arrière‑plans lointains.

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