Elle l'adore
Muriel, esthéticienne, a deux passions : s’inventer des aventures imaginaires, des bobards qu’elle livre à ses proches, et Vincent Lacroix, un chanteur dont elle suit la carrière et tous les concerts depuis des années en fan assidue. Un soir, Lacroix tue accidentellement sa compagne. Au lieu de se dénoncer à la police, le chanteur décide de se débarrasser du corps et demande de l’aide à sa fan numéro un, Muriel.
On ne peut pas reprocher grand‑chose à Elle l’adore, hormis son postulat de départ un peu capillotracté. Mais une fois son histoire démarrée, la réalisatrice et scénariste Jeanne Herry démontre un savoir‑faire assez époustouflant dans à peu près tous les compartiments du jeu : maîtrise du cadre, excellente direction d’acteur, doigté dans la rythmique et surtout une qualité d’écriture sidérante dans les dialogues.
Mieux que tout cela, Jeanne Herry, alchimiste experte, manipule avec dextérité différents genres (une dose de comédie, quelques gouttes de drame, une lampée d’enquête policière) et réussit à créer un étrange mais harmonieux et très surprenant film hybride.
Portée par un scénario minutieux, servie par une Sandrine Kiberlain juste parfaite et un Pascal Demolon hypercrédible, la réalisatrice ne bute finalement que sur un (petit) écueil : Laurent Lafitte. L’acteur fait en effet de trop gros efforts pour jouer a minima son personnage de chanteur‑calculateur. La chose était sans doute voulue, pour laisser de l’espace à la vraie héroïne du film, mais on peine à imaginer une superstar telle que Vincent Lacroix, avec un ego aussi discret.
Si l’on met de côté ce bémol très subjectif, Elle l’adore mérite vraiment toutes les louanges. Et donne hâte de voir ce que Jeanne Herry réalisera par la suite.