El Cantor
Au Havre, le quotidien monotone de la famille Stern ne tarde pas à s’embraser avec l’irruption de Clovis Fishermann (Lou Castel), cousin pansu et extravagant tout droit débarqué des États‑Unis. Si Elizabeth (Françoise Michaud) n’est pas emballée par cette arrivée inopinée, William (Luis Rego), paisible dentiste de province, y trouvera une aubaine pour un bain de jouvence.
Premier long métrage de Joseph Morder, plutôt coutumier des courts et du documentaire, El Cantor n’a d’hispanique que son titre, puisque le cantor dont il est question évoque un chanteur traditionnel yiddish, tributaire du patrimoine des aïeux.
À l’instar d’un héritage familial, le pouvoir du chant se transmet de père en fils mais Clovis, désormais quinqua déraciné, fut privé de cette éducation musicale. Les errances éthyliques des cousins germains dans un Havre pittoresque relatent les sinuosités d’un voyage motivé par l’espoir d’une réconciliation filiale, une sorte de quête identitaire profondément habitée par le timbre suave d’une « juive tropicale » de cabaret ou d’un chant sublime échappé d’un vinyl poussiéreux.
Chaque petit détail d’El Cantor apporte finalement sa pierre à l’édifice de la mémoire juive.