Edward II
Angleterre, début du XIVe siècle. Edward II (Steven Waddington) vient d’être nommé roi. Il profite alors de son statut pour sortir du bagne Piers Gaveston (Andrew Tiernan), son amant. Bien vite, on voit poindre des conflits d’ordre sentimentaux et politiques. Bafouée, la reine Isabella (Tilda Swinton) ne supporte plus la relation que son époux entretient avec le mignon. Avec la complicité de Mortimer (Nigel Terry), chef des armées, elle élabore un cruel complot afin de mettre un terme au règne du souverain.
Adapté de la pièce de Christopher Marlowe, grand auteur contemporain de Shakespeare, assassiné alors qu’il n’avait que 29 ans, cet Edward II allie les magnifiques tirades du dramaturge, marquées du sceau élisabéthain, à une mise en scène totalement post‑moderne. Il n’y a qu’à voir l’aspect figé des décors : pans de murs statufiés dans les ténèbres profondes, coursives en clairs‑obscurs au fond desquelles se trament des machinations sanguinaires, espace clos rendant compte de la rigidité du pouvoir…
Ainsi, le cinéaste britannique Derek Jarman, contemporain de la politique menée par Margaret Thatcher au début des années 90, juxtapose cette peinture d’une royauté déflorée pour mieux illustrer l’austérité opérée par la Dame de fer. Le résultat nous glacerait le sang.