Eastern Plays
Sofia, Bulgarie. Étudiant en art et artiste sans le sou, Itso (Christo Christov, décédé peu avant la fin du tournage) voit peu ses parents et son frère, Georgi, ado tombé entre les mains d'un groupe néonazi. Un soir, dans une rue sombre de la ville, le groupuscule s'en prend à une famille de touristes turques et tabasse le père. Se promenant par hasard dans les parages, Itso prend leur défense et sauve les victimes de leurs agresseurs. Le lendemain, alors qu'il rend visite à l'homme hospitalisé, il fait connaissance de la magnifique fille de celui‑ci. Les deux êtres vont se rapprocher, à l'écart des parents de la jeune femme, hostiles à cette relation…
Pour son premier long métrage, le réalisateur bulgare Kamen Kalev filme avec un réalisme quasi documentaire le centre et les banlieues de Sofia, inscrivant ses personnages dans des espaces évocateurs avec une démarche ethnologique. La capitale, avec ses divisions territoriales, ses chantiers périurbains, son centre préservé, exclut certaines catégories de population qui, à leur tour, rejettent les ethnies jugées indésirables.
C'est dans cet univers désolé que naît une idylle impossible et improbable entre deux êtres aux origines différentes, et dont les milieux respectifs empêchent l'envol et la liberté. Finalement, cet étouffement urbain et cet emprisonnement mental ne déclencheront aucune lutte, aucune explosion libératrice. Seulement un spleen dans lequel semble plongé pour l'éternité Itso, âme à la dérive dans une Europe à l'unification difficile.