par Nicolas Bellet
06 août 2024 - 10h27

Dune deuxième partie

VO
Dune Part 2
année
2024
Réalisateur
InterprètesTimothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Zendaya, Javier Bardem, Josh Brolin, Austin Butler
éditeur
genre
disponibilité
04/08/2024
notes
critique
8.5
10
label
A

Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère Jessica (Rebecca Ferguson) sont les seuls rescapés du massacre de la dynastie Atréides par les Harkonnen. Réfugiés sur la planète désertique Arrakis, ils fraternisent avec les Fremen, peuples autochtones nomades qui prennent Paul pour le nouveau messie. Seule Chani (Zendaya) semble en douter. Quant à Paul, il craint de basculer dans la tentation d'une dictature…

 

On ne va pas se le cacher, la sortie de Dune deuxième partie fut l’événement cinématographique de ce début d’année, comme l’avait été la sortie du premier opus, il y a trois ans (Dune partie 1). Si ce dernier avait fait l’unanimité critique et spectateur, qu’en est‑il de Dune 2 : suite dispensable, ou indispensable ?

 

En ver et contre tous

Faisons fi du suspense : la seconde partie de l’adaptation de la saga de Franck Herbert par le Québécois Denis Villeneuve surpasse, et de loin, la première. Magré ses ellipses parfois un peu brusques pour cause de récit hyperdense, le film est une totale réussite, pour qui bien sûr est friand de science fantasy, mais pas seulement, et c’est bien là l’une de ses grandes qualités. On a rarement vu si belle cinématographie et des effets spéciaux quasi invisibles. Les vers des sables sont magnifiques et rien que pour les scènes où Paul les chevauche, le film vaut le visionnage.

 

Une réflexion politique et philosophique sur l’état de notre monde

Formellement, le film fait un bond de géant par rapport au premier opus qui, déjà, envoyait du lourd. C'est dire s’il vous accroche à votre fauteuil. Dune 2 fut pensé et conçu pour le grand écran et cela se sent durant chacune des presque 3 heures de film. On pourrait parler des heures du sound design, de la photo de Greig Fraser (ah, ces plans monochromes !), du montage fou de Joe Walker, mais on vous conseillera juste de bien choisir votre moment pour profiter du film en 4K (attention spoiler : c'est grandiose là aussi).

 

Ce qui fascine avec ce Dune 2, c’est la modernité de son scénario qui, au‑delà des sublimes scènes d’action et de moments épiques, parvient dans un blockbuster à portée mondiale à être au final une belle réflexion sur la liberté des peuples à disposer de leurs ressources, sur le fanatisme et le radicalisme religieux, les conflits armés et les tentations génocidaires. Incroyables réflexions politiques et philosophiques sur l’état de notre monde comme colonne vertébrale d’un pur produit de divertissement, il fallait oser. Action nourrissant la réflexion, et inversement, dans une harmonie parfaite quoiqu’un peu longue et remplie de discours plus ou moins abscons.

 

Vous reprendrez bien un peu de désert ?

Le film est la suite logique du premier et commence d’ailleurs là même où ce dernier s’arrêtait. Mais là où Dune partie 1 avait été une belle (et longue) exposition d’un univers et des enjeux en place, Dune deuxième partie est un réel concentré d’action et d’intelligence à la limite de l’hypnotique. Le binôme Chalament/Zendaya a mûri et leur jeu s’est assurément musclé. Même s’ils restent peu expressifs (ce sont les rôles qui le veulent), leur alchimie est palpable. Les petits nouveaux sont au diapason de l’ambition du film et Austin Butler crève littéralement l’écran dans une prestation qui fera date, magnifiée, il faut bien l'avouer, par la mise en scène.

 

Si vous avez aimé le premier : foncez. Si vous n’avez pas vu le premier : foncez, aussi (vous comprendrez tout) ! Si vous n’avez pas aimé le premier : n’y allez pas ! Dune 2 est encore plus gros, plus fort et plus long que Dune 1. On vous aura prévenu.

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4k
cover
Dune Part 2
Prix : 34,99 €
disponibilité
10/07/2024
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 165', couleurs
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TrueHD 7.1
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, néerlandais, anglais pour sourds et malentendants
10
10
image

Difficile de critiquer le moindre plan ou parti pris tellement les moyens déployés pour mettre en valeur les éléments naturels se voient à l'écran, tout comme la vision assumée d'un auteur pour son adaptation d'une œuvre culture de SF. Les paysages et les plateaux de tournage, qu'ils soient naturels ou recréés en décors, sont d'une beauté à couper le souffle, répondant parfaitement à la ligne esthétique mise en place sur le premier film. Tout est lié, tout fait sens d'un film à l'autre. Une nouvelle pièce maîtresse de Denis Villeneuve et son directeur photo Greig Fraser, qui n'hésitent pas à laisser parler les éléments, les détails, les structures, l'architecture, leur palette de couleurs restreinte mais super puissante, aidés par, il faut bien l'avouer, des effets spéciaux sublimes qui ici prolongent une obscurité infinie, là, une mer d'eau recueillie au fil des siècles par les Fremen. 

 

Une image de toute beauté qui prend encore de l'ampleur grâce au HDR Dolby Vision. Son rendu moins jaune qu'en Blu‑Ray fait place aux nuances, au détail, au contraste, à l'éclat des yeux bleus, à la lumière. C'est bien entendu en 4K que l'on profitera du film dans les meilleures conditions, tout en conservant le rendu des textures et même des textiles (tous imprimés à la main par la production !).

 

Tourné en numérique mais réimprimé en 35 mm avant d'être scanné en 4K (un procédé rare augmenté par un jeu de filtres), le film propose aux spectateurs le meilleur des deux mondes (numérique et argentique), pour une claque visuelle comme on n'en voit peu et qui montre bien à quel point certaines œuvres ne peuvent définitivement pas être vues sur de petits et frêles écrans. 

10
10
son

Une saga entière reconnaissable à deux notes chantées/murmurées, un exploit signé Hans Zimmer. Ce leitmotiv, comme venu des tréfonds du désert, incarne tellement les films de Villeneuve qu'il ne faut pas oublier tout le travail mis en place pour donner vie à ces peuples issus de planètes inconnues imaginés par Frank Herbert. Un univers désert mais en quelque sorte luxuriant, où les sons font aussi avancer le récit, personnalisent les forces en présence et nous immergent au cœur d'Arrakis, planète autrefois appelée Dune. 

 

Une plongée intense, moins contemplative que dans le premier film et parfois même très bruyante lors des combats acharnés, qui sait se faire plus opératique/prophétique aussi, notamment sur les chevauchées de vers. Avec à chaque fois des basses et ultrabasses qui font frémir, un déploiement sonore de toutes parts et une activité intense en 7.1. Le Dolby Atmos réserve son lot de surprise, de vent et de douche sonore : ceux qui ont investi dans leur installation ne pourront clairement pas faire l'impasse. Une spatialisation en or.

7.5
10
bonus
- Formation au chakobsa (5')
- La création du monde des Fremen (12')
- Découvrir les mondes de Dune (6')
- Le nouveau Thopter fait parler de lui (4')
- Chevaucher les grands vers (9')
- Devenir Feyd (8')
- Une garde-robe flambant neuve (8')
- On s’enfonce plus loin dans le désert : les sons de Dune (13')

Sans doute pas les bonus du siècle car sans doute trop cadrés avec les fameuses interviews face caméra, mais largement de quoi se rendre compte des moyens techniques et créatifs mis en œuvre sur un tel tournage. Un tournage monstre à travers les déserts de Jordanie notamment, à Wadi Rum, ou comment par exemple déplacer 1 000 personnes sur trois zones sans laisser de traces dans le sable pour un rendu immaculé à l'écran. Réponse : en laissant le temps et le vent agir… 

On savoure les explications du chef déco qui nous abreuve de références architecturales pour les différents temples, ou bien le nouveau design des « bourdons volants » issus de la technologie Harkonnen (les fameux thopters), plus massifs que dans le premier film (inspirés des libellules). On sourit devant l'application des comédiens à apprendre une langue que personne ne parle à par feu son créateur Frank Herbert (le chakobsa), on compatit aussi envoyant les acteurs se prendre (littéralement) une tonne de poussière dans la figure pour simuler une chevauchée à dos de vers. 

 

Mais le bonus le plus passionnant, et aussi le plus long (13'), concerne le sound design du film, le travail de Hans Zimmer (qui n'a jamais vraiment arrêté entre les deux films en proposant sans cesse des nouvelles idées à Denis Villeneuve). Ou encore la création pure de nouveau instruments de musique auprès de musiciens fous. On notera que les sonorités sont plus industrielles pour les Harkonnen, plus organiques (vent et sable) pour les Fremen. Un module extra.

 

 

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