par François Coulaud
20 janvier 2020 - 19h20

Dumbo

année
2019
Réalisateur
InterprètesColin Farrell, Michael Keaton, Danny DeVito, Eva Green, Alan Arkin
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Les aventures de Holt Farrier (Colin Farrell), cavalier mutilé qui retrouve après la guerre ses enfants et son cirque Medici, en grande difficulté financière. Holt et ses petits vont devenir les protecteurs de Dumbo, un éléphanteau capable de voler, prodige qui suscite la convoitise d’un vilain entrepreneur, V. A. Vandemere.

 

« À la fin, on a tout détruit. C’était, en quelque sorte, cathartique ! » Est‑ce Freud qui parle à travers Tim Burton dans les bonus de Dumbo, ou bien le réalisateur culte livre‑t‑il plutôt une remarque cachée ? Cette confession trouve, quoi qu’il en soit, un puissant écho chez qui a visionné la version live (comprendre avec de vrais acteurs) de Dumbo, classique animé de Disney datant de 1941.


Car au sortir de ce Dumbo 2019, on peut légitimement s’interroger : que reste‑t‑il de Tim Burton dans ce remake qui, on le rappelle, fut viré à ses débuts par Mickey à cause de son imagination trop gothique ? Un soupçon d’insolence dans la description d’un parc d’attractions bâti par Vandemere (Michael Keaton), méchant du film et possible allégorie de Walt Disney ? De filasses allusions au Freaks de Tod Browning dans la représentation des artistes du cirque Medici ? Un tressaillement horrifique dans la description d’une zone du parc Vandemere où des animaux travestis en monstres donnent de faux frissons aux visiteurs ?


S’il est impeccable techniquement ‑l’équipe effets spéciaux du film s’est donné beaucoup de mal pour transformer Dumbo en adorable créature « réelle » proche de son modèle animé‑ le film semble avoir expulsé l’essence même de la poésie atypique de son cinéaste au profit d’une mécanique pur sucre. Et même politiquement correcte puisque la scène d’ivresse de Dumbo dans le cartoon original devient, en 2019, un simple numéro de cirque avec des bulles de savon numériques géantes !


Au sein de cette superproduction Disney à 170 millions de dollars, Tim Burton n’a plus que de minuscules marges pour s’exprimer. Cette structure rigide oppresse aussi le casting, pourtant de qualité : tous ont peu de nuances à jouer. Même un grand créateur comme Michael Keaton ne se sort de l’affaire qu’avec de purs tics de jeu.


Qu’on ne s’y trompe (sans mauvais jeu de mots) pas : ce Dumbo 2019 fera le job pour les jeunes générations. Elles y trouveront un récit bien mené et, d’une certaine manière, un peu atypique dans les productions Disney. Les kids apprécieront aussi la réflexion sur le rôle passé et présent des animaux dans les cirques. Mais pour les adultes qui ont jubilé devant les œuvres de Tim Burton, ce Dumbo 2019 offre l’allure d’un luxueux mais triste retour dans le rang de l’un des meilleurs créateurs de la fin du XXe siècle.

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4k
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
23/08/2019
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 111', toutes zones
1.85
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais Audiodescription
Allemand Dolby Digital Plus 7.1
Italien Dolby Digital Plus 7.1
Espagnol Dolby Digital Plus 7.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, allemand, italien
8
10
image

Tim Burton est aux manettes, et graphiquement, cela se voit. Ce master 4K sublime les images suptilement éclairées par le directeur photo Ben Davis (Captain Marvel, Doctor Strange). Et c'est là toute la force de ce master HDR pourtant doté d'un Digital Intermadiate 2K malgré un tournage 3,4K et même 5,1K. Le secret réside définitivement dans le traitement de la lumière, des reflets, l'éclairage des zones d'ombre, le ciselage des visages et le gros coup de booster des teintes douces et rétro.

 

L'image a du piqué, du détail, des noirs, des pénombres splendides et une surtout profondeur incroyable. Elle s'avère juste somptueuse en cas de contrastes marqués, notamment lors des scènes sur la piste du cirque Medici. Une petite merveille pour les pupilles !

8
10
son

Comme à l'habitude chez Disney, les anglophones sont à la fête avec une VO Dolby Atmos/Dolby TrueHD 7.1 impeccable dans la spatialisation (avec quelques effets dome bienvenus), le réalisme des bruitages et la dynamique musicale, ample et généreuse, signée bien entendu Danny Elfman. Seul reproche en fin de compte, la douceur des basses, une coutume chez Disney. Et sans doute une mise en route un peu longue avant de goûter réellement aux joies de l'Atmos (les numéros de cirque).

 

Si techniquement, la version française est moins disante (Dolby Digital Plus), particulièrement dans la restitution des dialogues et des passages musicaux, il faut saluer ‑enfin‑ l'arrivée d'un mixage 7.1. pour les pistes françaises. Et il faut aussi remarquer que la VF a fait l'objet d'un très beau travail artistique et d'un choix de voix efficace.

5
10
bonus
- Les acteurs (8')
- Les secrets de Dumbo (5')
- Conçu pour émerveiller (7')
- Neuf scènes coupées (7')
- Les références (3')
- Clowneries (1')
- Baby Mine chanté par Arcade Fire (3')
- Blu-Ray du film

Un ensemble de bonus en VOST rondement menés mais sans réelle saveur. On pourra néanmoins apprécier Les secrets de Dumbo, sorte de petit making of pas mal fait. Et surtout le module Conçu pour émerveiller où le designer de production et la costumière du film, deux collaborateurs de longue date de Burton, détaillent avec passion et intérêt leur travail sur le film. En revanche, on fuira le terne bêtisier (Clowneries) ainsi que le module Les références, censé faire un parallèle avec le dessin animé original mais prodigieusement mal construit et commenté par une voix exaspérantes.

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