Droit de passage
Droit de passage appartient à ce sous‑genre, devenu très la mode depuis les consécrations officielles de Collision de Paul Haggis et des world films de Inarritu (Babel and Co), qui aborde des « problèmes de société » via une forme chorale qui contraint le spectateur à une mise en rapport forcément didactique entre des événements disjoints. La formule est donc au point mais déjà lassante : différents individus croisent (ou non) leur trajectoire et illustrent tous une facette d’un même problème.
Droit de passage, dernier avatar en date de ce courant, traite de la difficile intégration des étrangers sur le sol américain, entre paranoïa post‑11 septembre et peur des clandestins venus du Mexique. On croisera donc une starlette australienne qui, afin d’obtenir la Green Card, se retrouve contrainte d’offrir son corps à un employé libidineux et corrompu des services d’immigration (Ray Liotta), une avocate, sa femme (Ashley Judd), spécialisée dans les droits des étrangers, un flic usé qui traque les clandestins sans conviction (Harrison Ford), son collègue, un Américain de confession musulmane dont la famille voit d’un mauvais œil le mode de vie libertaire de la petite dernière, ou encore un adolescent d’origine chinoise, convaincu qu’ici, à Los Angeles, la réussite se mesure à la longueur des calibres.
Les ficelles de ce pamphlet consensuel sont si épaisses, la mise en scène tellement chargée de pathos et le propos si simpliste (pour ce qui est de la complexité du problème, on repassera), qu’on réclame, nous, le droit de passer.