par Cédric Melon
30 janvier 2012 - 12h08

Drive

année
2011
Réalisateur
InterprètesRyan Gosling, Ron Pearlman, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Albert Brooks, Oscar Isaac, Christina Hendricks
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Un jeune homme solitaire est cascadeur le jour, chauffeur de truands la nuit. Quels que soient le travail et ses complices du moment, il suit un code de déontologie extrêmement précis. Un jour, il rencontre une femme et manque à son propre code. Les ennuis commencent.

En obtenant le prix de la Mise en scène à Cannes en 2010, le Danois Nicolas Winding Refn passe du statut de réalisateur confidentiel réservé à une poignée d’amateurs (la trilogie Pusher) à celui de cinéaste mondialement connu. Drive est son septième long métrage et premier film (de commande) hollywoodien. L’occasion pour lui de passer un cap (voire une péninsule) et d’afficher une maîtrise du cadre, de la lumière et de la mise en scène quasi miraculeuse. Son film est si majestueusement réalisé qu'il a le toupet de se passer de scénario, inexistant pour ainsi dire.

Chaque plan, chaque cadrage, est alors l’expression d’un cinéaste qui a su digérer Carpenter, Hill, Mann, Cronenberg et les autres. Metteur en scène jusqu'au bout ses ongles, Refn souligne ses images par une utilisation de la musique, de la violence (effroyable et esthétique) et des ralentis qui subliment une virtuosité dont le cinéma contemporain, qu’il soit américain, français ou autres, devrait se nourrir. On est submergé. Hypnotisé.

Sa réalisation est pensée, ses acteurs transcendés (Ryan Gosling, filmé presque exclusivement en contre‑plongée, est carrément icônisé à travers la ville de Los Angeles, mi‑urbaine mi‑jungle). Et si Refn n’invente rien en recyclant ses modèles, il remet au goût du jour le polar atmosphérique (savamment teinté de romance latente), depuis trop longtemps abandonné par ses « pères ». Et tout en devenant l’un d’entre eux, Nicolas Winding Refn redonne au genre sa noblesse. Le jour où son scénario sera au diapason de sa mise en scène, Refn pourra se targuer d'être une des références cinématographiques incontournables.

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blu-ray
cover
- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
08/02/2012
image
1 BD-50 + 1 DVD-9, 100', zone B
2.40
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français (imposé sur la VO)
10
10
image
Los Angeles la nuit est assurément une ville cinématographique. Une fourmilière géante et fluide où les trajectoires se frôlent souvent et se téléscopent parfois dans de grands impacts sourds et dévastateurs. Ici, la ville du cinéma est à la fois film lui‑même et décor factice, où la jungle urbaine a remplacé depuis bien longtemps un Eden perdu (voir la séquence près de l'eau, en forme de paradis abîmé mais en résistance). Que devient la nature ? Est‑elle liée à celle (profonde) de l'homme ? C'est dans ces paysages noirs et hyper‑stylisés que Refn fait évoluer ses personnages, les déplace, sans notion de temps et d'espace. Une photographie qui fait la part belle aux clairs‑obscurs (merci le numérique), aux cadrages raffinés, aux contre‑plongées et aux ralentis parfaitement piqués (utilisation du reflex Canon EOS 5D MKII), magnifiquement rendus sur ce Blu‑Ray. Note maximale méritée. Aucun défaut technique pour une grande maîtrise esthétique.
8
10
son
On ne pourra pas reprocher non plus au film sa bande‑son planante et envoûtante signée Kavinsky (Nightcall) ou College feat. Electric Youth (A Real Hero). Entre électro et pop song des Eighties, les titres musicaux participent pleinement au spectacle et appuient magnifiquement chaque scène du film. Étrangement, la VF présente un peu plus de densité que sa consœur anglaise. Pour le reste, bruits des moteurs, coups de feu, impacts des basses et séquences musicales s'opposent aux silences et à l'économie très étudiée des dialogues.
7
10
bonus
- Entretien avec le réalisateur mené par le journaliste Laurent Duroche (27')
- Making of (14')
- DVD du film + copie numérique du film
- Deux titres de Kavinsky à télécharger via un code contenu dans le boîtier
Heureusement que l'interview du réalisateur est là, car le making of est davantage tourné vers des interviews calibrées des membres du casting, de l'équipe de production, et des extraits de film, que vers des scènes live de tournage (notre péché mignon). En revanche, ne loupez pas l'excellente (et tordante) interview de Nicolas Winding Refn, qui revient sur sa première expérience hollywoodienne. Et ça commence très fort avec la genèse du long métrage, alors que Refn tente de faire un film avec Harrison Ford. Le projet tourne en rond, Refn est malade et son dîner avec Ryan Gosling, venu lui proposer un scénario autour d'un cascadeur, tourne court pour cause de grippe. Nicolas Winding Refn se fait raccompagner par le comédien, plane un max à cause des médicaments que lui a donné Harrison Ford, la radio passe des vieux tubes des années 80 dans la voiture, Gosling conduit… Le début de Drive. La suite de l'entretien revient sur les intentions du cinéaste, qui boucle ici une sorte de trilogie du Bien et du Mal avec Valhalla Rising et Bronson. L'occasion aussi de découvrir une personnalité hors norme, exégète du cinéma de Hitchcock, Carpenter et Mann, entre autres.
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