Dream Home
Pour s’en sortir dans une société hongkongaise de plus en plus chère, Cheng (Josie Ho) est obligée de cumuler plusieurs jobs ingrats. Mais ce petit capital qu’elle amasse à la sueur de son front devrait lui permettre d’acheter l’appartement de ses rêves. Un logement face à la mer, qu’elle désire depuis sa plus tendre enfance, et dans lequel elle pourrait accueillir son petit frère et son père, souffrant. Mais les propriétaires profitent de la hausse des prix de l’immobilier pour spéculer toujours un peu plus. Cheng n’aura jamais les moyens de payer ses traites. À moins que le prix d’achat baisse. Pour cela, elle va employer la manière forte : décimer un à un tous les résidents de l’immeuble…
Pour Dream Home, en compétition officielle au dernier Festival du film fantastique de Gérardmer, le réalisateur hongkongais Pang Ho‑Cheung (dont le long métrage Isabella avait été nominé pour l’Ours d’or à la Berlinale 2006) avoue s’être inspiré de sa propre expérience, et notamment de sa désillusion face aux prix prohibitifs de l’immobilier dans l’ancienne colonie britannique. Et pour raconter son histoire, il ne ménage pas ses effets, décloisonnant les genres cinématographiques pour mieux aborder toutes les thématiques de son récit. Ainsi, il ne néglige jamais le drame ou la satire sociale au profit de l’horreur pure (le film est un Category III, interdiction aux moins de 18 ans à Hong Kong, devenue un label promettant des films extrêmes), ici traitée sans détour via des scènes de meurtres particulièrement inventives et bien chorégraphiées.
Le film navigue entre passé et présent, déconstruisant sa trame narrative jusqu’à l’excès. Justifiant les actes terribles de son héroïne par de nombreux flash‑back expliquant son enfance et son histoire, le metteur en scène bloque par conséquent l’évolution du récit et l’accroissement de la tension. A contrario, le film sud‑coréen Bedevilled (Grand prix de Gérardmer 2011) optait pour une structure plus classique, linéaire, mais bien plus efficace pour illustrer une descente aux enfers.
Finalement, c’est dans la satire et le second degré que Dream Home excelle, lorsque les crimes se font aussi cruels que comiques. On détecte çà et là l’humour noir d’un Alex de la Iglesia, même si Pang Ho‑Cheung n’enfonce jamais le clou… Libre à chacun d’y piocher ce qu’il souhaite et, surtout, de contempler cette ville tentaculaire, à la fois anxiogène et grandiose, parfaitement « portraitisée » par un jeune cinéaste au regard affûté.