Dragon Blade
Huo An, commandant d’une patrouille de maintien de la paix sur la route de la soie, est exilé dans une forteresse en construction. Lui et ses compagnons d’infortune voient arriver une légion romaine protégeant un garçonnet, Publius. Les Romains et les 35 autres nationalités présentes apprennent à se connaître et à travailler ensemble, mais le démoniaque Tiberius, à la poursuite de Publius, amène avec ses troupes le chaos et la mort.
Dragon Blade est un film que l’on aurait aimé adorer. Le récit relate un fait peu connu ‑l’arrivée des troupes romaines sur les marches de l’Empire chinois‑ et prône un message universel indiscutable : l’entente entre les peuples et l'inutilité de la guerre.
Le film permet aussi à quelques acteurs de jouer de vrais contre‑emplois. Un Jackie Chan (Huo An) campant un opposant à la violence qui explore des expressions jusque‑là en jachère (tristesse, larme, désarroi) et des joutes que le pacifisme jusqu’au‑boutiste de son personnage rend amusantes. Un Adrien Brody (Tiberius) qui fait le chemin inverse en incarnant une prodigieuse, indécrottable et impitoyable pourriture. Le récit, copieusement aidé par des effets numériques, a aussi le bon goût de surprendre avec de fréquentes variations de tons mêlant comédie un peu grasse, action d’envergure, bagarres cartoon ou violence crue voire même quelques saisissantes pépites de cruauté.
On aurait adoré aimer ce film. Mais l’artisan à sa tête, le réalisateur Daniel Lee, n’est tout simplement pas le meilleur des cinéastes. Il en donne mille preuves : montage hyper‑cut censé donner du peps à des batailles pas bien filmées, constants flashbacks et flashforwards pour bien marteler le propos, combats laborieusement mis en image malgré l’expertise de Jackie Chan... Si le travail artistique de Daniel Lee (costumes, décors) est indiscutable, on aurait rêvé qu’un réalisateur comme John Woo, tout aussi lyrique mais infiniment plus doué pour l’action et les scènes de foule (Les trois royaumes), soit aux manettes de cette fresque. Ce Dragon Blade, si riche en bonnes intentions, en aurait été transcendé.