Dos au mur
Au Danemark, Alf, flic spécialisé dans la fraude financière et insomniaque chronique, intègre une section spéciale anticriminalité. Nicky, discret et très organisé étudiant en commerce, est quant à lui en train de monter un réseau majeur d’importation de cannabis pour le compte d’un mystérieux commanditaire espagnol. Anna, banquière scrupuleuse et douée, enrage, à l’approche de la cinquantaine, qu'une légitime promotion lui échappe à nouveau. Les trajectoires de ces trois personnages que rien ne semble relier vont pourtant se télescoper après une atroce découverte dans une cave de Copenhague…
On le sait depuis longtemps, particulièrement depuis The Killing, les Danois ont acquis un formidable savoir‑faire en matière de séries policières. Personnages et psychologies fouillés, ambiances soigneuses, les Nordiques savent construire des intrigues singulières qui bousculent et élargissent les cadres posés par les séries américaines. Dos au mur, visible jusqu’au 31 mai 2020 sur le replay de la chaîne (Arte.TV), s’inscrit de plain‑pied dans cette tradition d’extrême qualité. Elle est même un nouveau joyau noir à ne rater sous aucun prétexte !
Couverte de prix aux Danish Robert Awards, l’équivalent danois des César, Dos au mur (aussi appelée Les initiés en Français) a été imaginée par une pointure. Rien moins que le scénariste Jeppe Gjervig Gram qui avait cosigné avec Adam Price la totalité de l’excellente série politique Borgen, une femme au pouvoir. Dos au mur, centrée sur les ramifications insoupçonnées du blanchiment d’argent, propose un scénario implacable et très documenté ‑inspiré du scandale HSBC‑ qui ravira les amateurs de péripéties nombreuses et de coups de théâtre déments. Mais elle offre aussi des portraits denses et nuancés d’attachants personnages, mis en scène avec une efficacité et une énergie bluffantes.
Au‑delà de ses qualités scénaristiques et formelles, le cœur de l’exceptionnelle réussite de Dos au mur c’est son casting. Tous, héros ou seconds couteaux, sont parfaits, particulièrement Thomas Hwan (le policier Alf) ou Maria Rich (la banquière Anna). Mais Dos au mur donne aussi, et peut‑être surtout, l’occasion de découvrir l’extraordinaire Esben Smed qui incarne avec une subtilité sidérante le narcotrafiquant Nicky Rasmussen. Esben Smed, rappelez‑vous bien ce nom : ce jeune prodige est, c’est certain, promis à de très grandes choses !