Dope Thief
La nouvelle série d’Apple est un polar radical et généreux produit par Ridley Scott (qui réalise aussi le pilote), créé par Peter Craig (The Town, The Batman). Il s’agit d’une nouvelle illustration de la loi de l’emmerdement maximum nourrie par les meilleurs moments de la série de référence du genre, The Shield, tout en proposant quelques moments irrévérencieux et terriblement jouissifs à la Pulp Fiction. Le tout repose sur un tandem au moins aussi captivant que celui de L’arme fatale. C'est dire si cette série vaut le détour.
À Philadelphie, Ray (incarné par l’excellent Brian Tyree Henry, Atlanta, Bullet Train) et Manny (campé par le non moins génial Wagner Moura, Civil War, Narcos), deux délinquants, se font passer pour des agents de la brigade des stupéfiants afin de cambrioler une maison à la campagne. Sans le vouloir, les deux loosers vont mettre à jour le plus gros trafic de stupéfiants de la côte Est.

Dope Thief, le retour aux sources du buddy movie infernal
D’emblée, on oublie le névrosé Ridley Scott qui a réalisé Napoléon et Gladiator 2 pour retrouver le réalisateur pétillant de Thelma & Louise, Traqué et Black Rain. Le polar, Ridley s’y connaît aussi et avec Dope Thief, il démontre qu’à 87 ans, il a encore de beaux restes.
La réalisation est radicale, épurée, efficace et brutale. La caméra, toujours dans le sillage de ses deux protagonistes pris dans un engrenage infernal, virevolte avec une précision machiavélique au sein d'un cadre urbain particulièrement bien exploité. Un pur buddy movie savamment orchestré et interprété qui propose une très belle interprétation de la loi de Murphy, ni plus ni plus moins (et même plutôt plus), tout en renouant avec les codes du pur polar.
De bout en bout, on est happé dans une spirale infernale au suspense croissant. Et même si le scénario n’est pas exempt de raccourcis faciles ou de quelques digressions, on reconnaît la patte du scénariste de The Town. Une série qui vole loin au‑dessus de ce qu’on a vu dans le genre depuis très longtemps.