Dias de Gracia
On se souvient de la belle affiche du film, représentant une paire de crampons et un flingue suspendus ensemble par un lacet. Pourtant, Dias de Gracia n’est pas un film sur les liens entre le foot et la mafia au Mexique, ni sur un criminel fan de ballon rond. Le foot n’est ici qu’un contexte, une toile de fond, qui a donné l’idée du film à Everardo Gout : « Durant les trente jours de la Coupe du monde, tout le monde suit les matchs. Les criminels et les policiers aussi… J’ai passé quatre ans à enquêter sur la criminalité à Mexico, sur la façon dont des vies sont bouleversées par cette violence. Ce n’est pas une question de bons et de méchants, c’est plutôt une gamme d’émotions qui inclut l’amour, la haine, le meurtre, le suicide, l’amitié, la trahison, la loyauté ».
Dias de Gracia entrelace ainsi trois histoires distinctes, situées en 2002, 2006 et 2010, années où eurent lieu les trois dernières Coupes du monde. Moments de grâce, de communion collective, mais aussi de suspension générale où criminels et policiers semblent faire une trêve trompeuse, le regard tourné vers les postes de télévision.
Adoptant une structure kaléidoscopique qui rappellera celle d’un autre cinéaste mexicain, Alejandro Gonzalez Inarritu, Everardo Gout suit d’abord Lupe, un jeune policier dont l’idéal va se fracasser sur le mur de la réalité mexicaine ; puis Iguana, un criminel en herbe chargé de surveiller un otage aux yeux bandés ; enfin, Susana, dont le mari a été kidnappé par la mafia et qui tente de réunir la rançon exigée.
Comme dans le meilleur du cinéma sud‑américain, Dias de Gracia fonce comme un bolide plein d’énergie au milieu d’une société déliquescente et corrompue, au risque, parfois, de perdre le spectateur dans son tourbillon d’images.