Diamant noir
À Paris, Pier Ulman (Niels Schneider) vivote tant bien que mal avec l'aide de Rachid (Hafed Benotman), son père de substitution. Peu après avoir appris la mort de son vrai père dans la rue, le jeune homme est convié à Anvers pour rencontrer les autres membres de sa famille. Richissimes diamantaires, les Ulman ont autrefois banni le père de Pier, celui-ci décide alors de se venger...
Premier long métrage d'Arthur Harari, Diamant noir n'est pas seulement un thriller nourri par le désir de réparation d'un jeune homme se considérant (et considéré) comme un paria de père en fils. Dans l'atelier confidentiel où Pier prend conscience de son talent de tailleur, son œil perçant capte la complexité du minerai pendant qu'un plan fixe les unit dans un jeu de reflets et de lumière, accomplissant la transmission filiale manquée.
Car, au grand dam de son cousin Gabi (August Diehl), homme d'affaires à la tête de l'entreprise, Pier détient le sens du Beau (en témoigne cette scène de contemplation, suivie d'un entretien autour de la pureté du diamant avec un riche entrepreneur indien), la clé des mystères de la pierre précieuse, la sensibilité, autant de qualités héritées d'un père absent qu'il ne possédera jamais. Ainsi, les privilèges de la naissance n'excluent en rien le rapport perverti d'un héritier à ses biens, toutefois, compte tenu des motivations malhonnêtes du protagoniste, on devine que Harari n'a pas eu l'intention de l'affranchir complètement de sa lignée maudite.
Prix du Jury au dernier Festival international du film policier de Beaune, Diamant noir fait parti de ces grands premiers films qui se savourent pour ce qu'ils sont ‑un bon polar‑ et ce qu'ils dissimulent, un soupçon de tragédie shakespearienne.