par Paco Altura
22 octobre 2014 - 12h36

Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ

année
1982
Réalisateur
InterprètesColuche, Jean Yanne, Michel Serrault, Mimi Coutelier, Michel Auclair, Darry Cowl
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

Jules César est venu passer des vacances et rencontrer Cléopâtre dans la colonie de Rahatlocum. Mais la révolte gronde, notamment chez les petits commerçants qui placent tous leurs espoirs dans un meneur improbable, le garagiste Ben‑Hur Marcel.

On ne peut même pas blâmer le poids des années. Vite écrite, mal rythmée, mal préparée, cette parodie de péplum de Jean Yanne ne tire parti d’aucun des atouts qui étaient les siens : de bons acteurs sacrifiés (Françoise Fabian presque intégralement coupée au montage, Michel Serrault poussé à plagier ce qu’il avait fait dans La cage aux folles), des vedettes presque oubliées (Coluche, présent dans peu de scènes, n’est presque jamais drôle, il fallait le faire…) et des erreurs de casting monumentales (Mimi Coutelier, ridicule Cléopâtre).

À l’image, on voit pourtant que Jean Yanne a profité d’un appui financier important de ses producteurs Claude Berry et Tarak Ben Ammar. Décors, costumes, masses de figurants, tout respire le luxe et les grands moyens. En vain. La parodie tient juste à de pauvres blagues ‑une indigence incompréhensible tant Jean Yanne pouvait être drôle‑ et des anachronismes poussifs (les CRS Compagnie romaine de sécurité ou le fromage à tartiner Boursinum, oui, bon…).

Bizarrement, au regard du désastre, ce sont les seconds rôles qui s’en sortent le mieux : Léon Zitrone en commentateur des jeux du cirque, Michel Auclair en consul fourbe, André Pousse en centurion coléreux, Paul Préboist en gardien dingo de lions du Cirque… Des seconds ou troisièmes couteaux aux répliques ou mini‑scènes savoureuses relégués au second plan.

Cette impression d’un immense je‑m’en‑foutisme dans la conception et l’écriture du film pourrait résulter de notre seul esprit chagrin. Elle est en fait corroborée point par point par les membres de l’équipe, pourtant tous vieux collaborateurs et amis de Jean Yanne, interviewés dans un bonus passionnant mais très surprenant.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
10/09/2014
image
BD-50, 99', zone B
2.35
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio mono
Audiovision
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
7
10
image
Fruit d'une copie restaurée par Pathé en 2013, le film a gardé un grain bien présent mais non discriminant, ainsi que des couleurs éclatantes. Bizarrement, certaines scènes nocturnes dérapent dans les oranges tandis que d'autres (la boîte homo) sont pourtant impeccablement étalonnées. Nonobstant ces quelques défauts, la copie se montre de bonne facture.
5
10
son
Rien de bien saillant à signaler côté audio : la piste sonore mono fait son boulot, dialogues nets, voix précises mais le tout manque de coffre et d'ambiances, notamment dans les scènes de foule ou de rue.
8
10
bonus
- Le triomphe inattendu de Ben-Hur Marcel, documentaire de Jérôme Wybon (59')
- Scènes coupées (11')
Un passionnant documentaire signé Jérôme Wybon sur la genèse hyper‑chaotique du film. Tout est passé en revue : la méconnaissance technique et l'impréparation totale de Jean Yanne, ses rapports tendus avec ses collaborateurs (Yanne/Coluche, Yanne/Tarak Ben Ammar, Yanne/Michel Serrault) et un net népotisme (Mimi Coutelier, exécrable Cléopâtre, était aussi costumière, décoratrice et dame de cœur de Jean Yanne). On évoque aussi longuement l'assistance indéfectible du producteur Claude Berry qui tentait là de « sauver » Jean Yanne de graves problèmes fiscaux, sa reprise en main du long métrage au montage (45 minutes coupées d'autorité) jusqu'à un habile teasing et une politique de sortie massive du film pour le sauver d'un bouche‑à‑oreille inévitablement mauvais. Une opération réussie puisque le film a été un grand succès. Ce qui est touchant, ce sont tous ces techniciens qui ont parfois la dent dure et pourtant tous d'une tendresse infinie pour Jean Yanne. Le documentaire montre aussi, par bribes hélas, des scènes coupées et perdues. Notamment une séquence de psychanalyse de Jules César (Serrault) par un thérapeute incarné par Claude Berry qui semblait hilarante. Les quatre scènes coupées sont plus anecdotiques : une scène de chanson permet de constater que Mimi Coutelier était aussi mauvaise chanteuse que comédienne, d'autres que la pauvre Françoise Fabian a été bien mal payée de ses efforts (réussis) pour être drôle.
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