Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ
Jules César est venu passer des vacances et rencontrer Cléopâtre dans la colonie de Rahatlocum. Mais la révolte gronde, notamment chez les petits commerçants qui placent tous leurs espoirs dans un meneur improbable, le garagiste Ben‑Hur Marcel.
On ne peut même pas blâmer le poids des années. Vite écrite, mal rythmée, mal préparée, cette parodie de péplum de Jean Yanne ne tire parti d’aucun des atouts qui étaient les siens : de bons acteurs sacrifiés (Françoise Fabian presque intégralement coupée au montage, Michel Serrault poussé à plagier ce qu’il avait fait dans La cage aux folles), des vedettes presque oubliées (Coluche, présent dans peu de scènes, n’est presque jamais drôle, il fallait le faire…) et des erreurs de casting monumentales (Mimi Coutelier, ridicule Cléopâtre).
À l’image, on voit pourtant que Jean Yanne a profité d’un appui financier important de ses producteurs Claude Berry et Tarak Ben Ammar. Décors, costumes, masses de figurants, tout respire le luxe et les grands moyens. En vain. La parodie tient juste à de pauvres blagues ‑une indigence incompréhensible tant Jean Yanne pouvait être drôle‑ et des anachronismes poussifs (les CRS Compagnie romaine de sécurité ou le fromage à tartiner Boursinum, oui, bon…).
Bizarrement, au regard du désastre, ce sont les seconds rôles qui s’en sortent le mieux : Léon Zitrone en commentateur des jeux du cirque, Michel Auclair en consul fourbe, André Pousse en centurion coléreux, Paul Préboist en gardien dingo de lions du Cirque… Des seconds ou troisièmes couteaux aux répliques ou mini‑scènes savoureuses relégués au second plan.
Cette impression d’un immense je‑m’en‑foutisme dans la conception et l’écriture du film pourrait résulter de notre seul esprit chagrin. Elle est en fait corroborée point par point par les membres de l’équipe, pourtant tous vieux collaborateurs et amis de Jean Yanne, interviewés dans un bonus passionnant mais très surprenant.