Détour
Étudiant en droit pénal, Harper (Tye Sheridan, Mud) souffre de voir sa mère plongée dans le coma suite à un accident de la route. Il accuse son beau‑père d’avoir orchestré le drame, dans le but de toucher le capital des assurances. Un soir de beuverie, le jeune homme fait la connaissance de Johnny Ray (Emory Cohen), une petite frappe qui lui propose de faire disparaître le beau‑père cupide…
À trop tirer sur des ficelles scénaristiques alambiquées, Détour peine à nous embarquer dans les pérégrinations cahoteuses d’un trio mal assorti : le bon fils propret, la brute aux abois et la strip‑teaseuse un peu paumée. Une fois sur la route qui les mène vers Vegas, point de rencontre entre le beau‑père vénal et sa maîtresse, le récit la délaisse régulièrement pour revenir à la grande propriété familiale. Car entre ses murs, Harper met un pratique le dilemme moral qui s’est imposé à lui lors de sa soirée de biture : « Si tu pouvais te séparer en deux avec une partie de toi bien tranquille à la maison, et l’autre qui pourrait aller tuer ton vieux sans que tu ne t’en souviennes, tu ferais quoi ? ».
Christopher Smith, adepte de thrillers à deux niveaux de lecture (voir Triangle, 2009), soumet la mécanique du crime à un dispositif formel éclaté, le split‑screen s’invitant à la fois pour nous exposer la mauvaise conscience du protagoniste et pour signifier l’une des alternatives possibles issue de la formule risquée qui stimule l’adrénaline d’un crime loin d’être parfait. « Et si » Détour n’était finalement qu’un petit tour d’illusionniste malin, ni plus ni moins ?