Désordres saison 1
Florence Foresti filme Florence Foresti en panne d'inspiration alors qu'elle doit jouer son nouveau spectacle dans trois mois et que la dépression rôde. Sur le papier, il faut être fan de l'humoriste pour passer outre la séance d'autocentrage et d'autoréférence annoncée, doublée d'un thème a priori peu attractif : la dépression. Sauf que l'humoriste a le talent que l'on sait et que sa série Désordres, pleine de fantaisie et surtout drôle, a tout ce qu'il faut pour se démarquer du tout‑venant et même susciter l'attente d'une suite.
Mère de famille solo flanquée d'une femme de ménage qui se moque gentiment d'elle en permanence (incarnée à l'écran par sa vraie femme de ménage), d'un bulldog anglais qu'elle adore faire parler en prenant une voix rauque (un sketch récurrent de l'humoriste sur les réseaux sociaux) et d'un « ami » imaginaire annonçant la venue de ses grosses crises d'angoisse, contrairement à ce que le quidam pourrait penser, Florence Foresti ne vit pas vraiment son quotidien de manière sereine.
C'est même tout le contraire. Quand elle n'est pas sur scène, tout lui pèse malgré la présence aimante de ses amies proches : son célibat, la peur de ne plus plaire et les moments de solitude quand sa fille vit chez son père. Sous médication depuis des années, en proie à tout un tas de symptômes plus ou moins réels, c'est une femme « à nu » que la scénariste et réalisatrice montre tout au long de ces 8 épisodes pas forcément très flatteurs mais très drôles.
Baignée par les séries américaines des années 80 (Dream On, Steinfeld), Florence Foresti trouve sa propre voie, a suffisamment de recul pour ne rien s'épargner et parvient à conserver un univers typiquement français tout en lorgnant souvent du côté fantasque des modèles précités (les saynètes en lipdub sont une vraie trouvaille). Une jolie surprise qui transforme les angoisses les plus noires en source de création pure. Attention, chapelet de scènes tordantes à la clé : le yoga, la pharmacie, la vente aux enchères, la retouche photo, Kiki, et on en passe. À voir.