Des hommes et des dieux
C’est le genre de film et de succès que personne n’avait vus venir. Après avoir reçu un Prix spécial du jury au Festival de Cannes, Des hommes et des dieux s’est taillé, lors de sa sortie en salles, une part du lion habituellement réservée aux comédies bas de plafond.
Pourtant, sur le papier, le pari semblait loin d’être gagné. À droite, Xavier Beauvois, cinéaste français inégal, capable du visible (N’oublie pas que tu vas mourir), comme du pire (Le petit lieutenant). À gauche, un sujet aussi pop qu’un tube d’aspirine : les mois qui ont précédé l’assassinat, dans des conditions mystérieuses, des moines cisterciens de Tibéhirine, de l’instant où ils deviennent la cible de membres extrémistes du GIA jusqu’à leur disparition en 1996.
Plutôt que de rentrer en France, plutôt que d’accepter la protection étouffante des militaires, nos moines décident donc de faire face à une menace certaine mais aux contours imprécis. Débute alors un long compte à rebours où, entre séances de prières, réunions, hésitations, aveux de peur et lectures à haute voix, nos frères décident de rester dans leur monastère perdu dans le désert montagneux du Maghreb.
D’emblée, il faut reconnaître que Beauvois, avec une économie de moyens remarquable, réussit à capter le sentiment de la spiritualité. Filmer la foi, la prière et le dépouillement, rendre palpable la dimension mystique des hommes, peu de cinéastes y sont parvenus, à l’exception bien sûr du cinéaste danois Dreyer dans La passion de Jeanne d'Arc ou Alain Cavalier et sa Thérèse. Enfin, les acteurs sont parfaits, à commencer par Michel Lonsdale et même Lambert Wilson. Un film atypique et passionnant.