Derrière le masque
Leslie Vernon (Nathan Baesel), jeune homme sympathique, souriant et équilibré en apparence, n’a rien d’un psychopathe décérébré. Et pourtant, lorsque deux journalistes débarquent dans la petite ville paumée de Glen Echo (Maryland) afin de réaliser un documentaire sur lui, celui‑ci a déjà programmé ses intentions meurtrières, la liste de ses victimes et la manière dont il s’y prendra pour les tuer.
C’est caméra à l’épaule (le mode de filmage popularisé par Le projet Blair Witch et nouvelle référence surfaite du cinéma d'horreur) que les journalistes vont s’immiscer dans l’intimité de Leslie Vernon, jusqu’à ce que le documentaire dérape et se métamorphose en une véritable fiction d’épouvante.
Freddy Krueger, Jason Vorhees et Michael Myers constituent évidemment les références avouées du héros dérangé. On saisit alors assez rapidement qu’il s’agit d’une réflexion sur les mécanismes et les codes du slasher, la psychologie des tueurs en série. La question récurrente du film étant : « Pourquoi faisons‑nous cela ? ».
Bien loin de la performance de Scream, Derrière le masque ne parvient pas à s’émanciper de son intention de départ. La réussite de Scream tenait en sa capacité à travestir la réflexion en une émotion, que l’on devait seulement au premier degré (l’inoubliable séquence d’ouverture du film en est la preuve).
À l’inverse, Derrière le masque croule sous des flux de commentaires sur le genre, et à force d’étalage théorique, ce méta‑slasher perd de son intensité dans des séquences que l’on aurait souhaitées dopées par l’action. Enfin, l’apparition de Robert Englund (Freddy Krueger) et de Zelda Rubenstein (Poltergeist) réaffirme l’intention de départ du film, soit le culte de la citation pure.