Depeche Mode : Video Singles Collection
Voici l'objet ultime que tous les fans de DM vont adorer posséder. Non seulement le groupe se raconte (un peu) à travers les 22 clips commentés, mais les 56 vidéos des singles (parfois de véritables ovnis filmiques) tournées entre 1981 à 2013 en disent elles aussi long sur l'histoire du groupe qui se fait toujours aussi rare dans les médias, son esthétique épurée modelée au fil du temps, ses moments forts (le concert de Pasedena sur la tournée 101, mis en boîte par le documentariste D.A. Pennebaker en 1988), comme ses passages plus difficiles (la période trash de Gahan, l'overdose).
Les clips naïfs et bricolés des premiers temps (See you et Leave in Silence surtout, on rigole bien), le rapide passage au N&B comme marque de fabrique, l'intrusion du bizarre et de la symbolique (caractéristique commune à toutes les vidéos sans exception), la collaboration avec l'ami de toujours Anton Corbijn qui façonnera l'image moderne du groupe loin des clichés SM des débuts (on adore toujours revoir le tout jeune Martin Gore dans ses tenues pas possibles avec sa tête de poupon), les clins d'œil d'un clip à l'autre qui, parfois, se répondent… Étrange d'ailleurs comment certains objets ou lieux reviennent perpétuellement : les voitures, les marteaux/masses, les déserts, le cuir (forcément)… Soit autant de pistes pour apprécier l'univers d'un des groupes les plus complexes de ces quarante dernières années et qui draine lors de ses tournées des millions de spectateurs. La prochaine tournée Spirit Tour commencera d'ailleurs le 5 mai à Stockholm avant de passer par Nice (le 12 mai), Lille (le 29 mai) et Paris (le 1er juillet).
D'ici là, on se replonge avec gourmandise dans toutes ces créations vidéo qui montrent à quel point le groupe fut depuis le début volontiers provocateur et énigmatique certes, mais ô combien précurseur. Lui qui a toujours pensé ses clips comme des courts métrages, des films autonomes fuyant comme la peste la redondance et la sursignification avec ses chansons. Le groupe avoue d'ailleurs que ses meilleurs clips sont souvent partis d'une idée/phrase toute simple de Corbijn en marge des tournées. La réalisation et l'aura évidente du groupe feront le reste. Quand ils ne sont pas carrément hors champs comme dans Wrong, où les trois membres du groupe n'apparaîssent qu'une poignée de secondes. On note aussi à quel point le travail de DM sur son esthétique et ses clips, même anciens, ringardise bien des productions actuelles.
Et pour vos dîners en ville, on comprendra aussi d'où vient le fameux mouvement appelé « champ de blé », moment de communion intense entre le groupe et son public dont le frontman Dave Gahan donne le top‑départ lors de chaque concert sur le titre Never Let me Down Again…